En prélude à la 5ᵉ édition du Cyber Africa Forum (CAF), le promoteur de cet évènement d’envergure internationale, Franck Kié, a évoqué vendredi à Abidjan, les enjeux du numérique, mettant en lumière les défis à relever face à la 4ᵉ révolution industrielle.
M. Franck Kié, commissaire général du CAF a soulevé les problématiques autour du digital sur le continent, à travers le thème : « Accélérer la transformation numérique sous régionale : quelles alliances pour relever les défis de la 4ᵉ révolution industrielle ? ».
Il a rappelé que ce forum qui s’impose comme un rendez-vous « incontournable » pour les décideurs et les professionnels de la cyber sécurité, se veut « un emblème » aux efforts pour bâtir un secteur cyber sécurité plus solide et impulser la transformation digitale en Afrique.
Selon M. Franck Kié, pour tirer profit de la transformation digitale, il faut aller au-delà du plaidoyer et « passer à l’action », en ayant davantage de volonté politique, de coopération et surtout une prise de conscience du risque cyber.
« Certains de nos pays ne considèrent pas encore que nous sommes quotidiennement attaqués et ciblés par des cybercriminels qui sont basés localement ou à l’international. Ce qui fait que les investissements qui doivent être faits dans les infrastructures ne sont pas encore à la hauteur » des défis, a-t-il déploré.
En plus de la réglementation, de la levée de financements, de la création des écosystèmes et des startups, Franck Kié a jugé « essentiel d’investir dans le capital humain, car sans talents formés, motivés, capables de porter cette révolution, tout le reste ne tient pas. »
Mme Karen Diallo, directrice de la transformation digitale au ministère de la Transition numérique et de la digitalisation, a déclaré que la vision du chef de l’Etat est de faire du « digital un véritable levier de croissance pour améliorer le PIB et transformer les secteurs transverses de l’économie. »
Pour y parvenir, plusieurs stratégies, dont la Stratégie nationale du numérique 2021-2025, a été élaborée, reposant sur sept piliers clés, notamment les infrastructures numériques, les services numériques, les services financiers, l’innovation, la cyber sécurité, le développement du secteur privé numérique et les compétences numériques.
« Toutes nos actions s’orientent autour de ces piliers, avec pour priorité d’utiliser la digitalisation pour accroître les recettes de l’État, attirer davantage de flux économiques et créer un environnement propice à l’innovation », a fait savoir Mme Karen Diallo.
Elle a indiqué l’élaboration de la Stratégie nationale de l’IA, visant à intégrer les nouvelles technologies pour combler la fracture numérique. À cela s’ajoutent des « axes fondamentaux » de la stratégie que sont la formation, l’inclusion et l’attractivité des carrières numériques.
Mme Karen Diallo a relevé que pour étendre ses actions à l’échelle nationale, le ministère a lancé des programmes de formation dans les zones rurales, via la Société nationale de développement informatique (SNDI), qui forme les femmes à l’inclusion numérique.
Cette stratégie prévoit également la création de cinq centres régionaux d’excellence numérique, qui formeront les jeunes, accueilleront des chercheurs et contribueront à « créer un maillage territorial fort en compétences numériques », a-t-elle poursuivi.
Le ministère ivoirien en charge du Numérique entend mettre à jour les curricula scolaires dans l’enseignement technique et général pour intégrer l’Intelligence artificielle (IA) dès le plus jeune âge. Cela requiert une réforme du système éducatif.
Elle soutient, par conséquent, « des alliances avec le secteur privé, les partenaires financiers internationaux et les administrations locales ». De son côté, M. Joseph Olivier Biley, Co-Fondateur et CEO de JooL International note que les partenariats publics-privés sont essentiel pour soutenir l’innovation et la croissance des startups dans la sous-région.
« Ce que nous demandons, c’est la confiance, des opportunités et des alliances concrètes. Il faut que l’État s’appuie sur nous, nous intègre à ses politiques publiques, nous donne accès aux marchés et qu’il crée les conditions pour que nos innovations soient adoptées », a-t-il lancé.
M. Franck Kié a annoncé la tenue de la 5ᵉ édition du CAF, les 24 et 25 juin 2025, à Cotonou, au Bénin, un rendez-vous « devenu un véritable moteur de l’innovation numérique en Afrique de l’Ouest. ». Ce choix, selon lui, reflète une volonté de bâtir un écosystème panafricain solide, inclusif et tourné vers l’avenir.
Cette édition est placée sous le thème « Résilience numérique et transformation numérique de l’Afrique » et ambitionne de rassembler plus de 1 000 participants à travers l’Afrique et en provenance d’autres continents.
AP/Sf/APA