Un forum des affaires sera organisé à Abidjan le 26 mai 2025. Il réunira des dirigeants politiques, juristes, bailleurs et institutions internationales autour d’un thème explicite : « Ressourcer l’ALSF pour autonomiser le développement durable de l’Afrique ».
Le 26 mai prochain, la capitale économique ivoirienne, abritera la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF), un levier clé pour l’autonomie juridique du continent africain et une maîtrise de la gouvernance des projets d’investissements et des contrats entre les parties.
Ce rendez-vous vise à repenser l’autonomie juridique du continent, en particulier en matière de droit des affaires, à un moment où les États africains cherchent à sécuriser leurs contrats, à mieux négocier avec les investisseurs et à renforcer leurs capacités à défendre efficacement leurs intérêts économiques et commerciaux.
Créée pour favoriser la négociation de contrats avantageux et de termes adaptés aux réalités des pays africains, la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF) revient sur le devant de la scène avec un Forum qui, cette année, prend une dimension particulière.
La tenue du Forum à Abidjan ne doit rien au hasard. Ville siège de la Banque africaine de développement, Abidjan sera également, la même semaine, le théâtre des Assemblées annuelles de la BAD, qui devraient marquer un tournant institutionnel majeur avec l’élection attendue d’un nouveau président à la tête de l’institution.
Dans un contexte où les contentieux se multiplient et où les négociations contractuelles dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures ou des ressources naturelles s’intensifient, l’enjeu est clair : renforcer la capacité des États africains à maîtriser leurs engagements juridiques, à structurer des transactions complexes, et à éviter les pièges d’une dette insoutenable.
Des figures de poids annoncées
Pour cette édition, la liste des intervenants donne le ton. Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, Claver Gatete, patron de la CEA, Thabo Mbeki, ex-président sud-africain et artisan des premières initiatives contre les fonds vautours, ainsi que Sahle-Work Zewde, présidente éthiopienne, sont annoncés.
Un casting qui traduit l’importance que prend désormais la question juridique dans les choix économiques et diplomatiques du continent. Créée en 2008, sous l’impulsion des ministres africains des Finances, confrontés à la pression des créanciers, l’ALSF a vu ses missions évoluer.
À l’origine, centrée sur le soutien face aux fonds spéculatifs, elle accompagne désormais ses 53 États membres dans la négociation de contrats, la restructuration de dettes, la gestion de partenariats public-privé et la formation de cadres juridiques.
Depuis 2010, plus de 420 projets ont été soutenus, pour un montant global de 142 millions de dollars mobilisés. Selon les chiffres internes, les interventions de l’ALSF auraient permis de générer 15 milliards de dollars d’économies pour les États et de mobiliser près de 20 milliards d’investissements privés.
En parallèle, plus de 12 500 professionnels du droit africain ont été formés dans le cadre des programmes déployés. En un peu plus d’une décennie, cette institution a approuvé plus de 420 projets dans 50 pays, mobilisant près de 142 millions de dollars US pour appuyer les gouvernements dans des domaines aussi variés que l’énergie, les ressources naturelles ou les infrastructures.
Gouvernance et durabilité
Parmi les projets emblématiques soutenus, figurent le développement de projets énergétiques innovants comme le premier parc solaire flottant aux Seychelles, la renégociation de la dette souveraine de la Somalie ou encore le soutien apporté à la Guinée dans le cadre d’un contentieux commercial portant sur environ 5 milliards de dollars.
Cependant, l’ampleur des besoins reste considérable. La demande d’assistance juridique ne cesse de croître, notamment dans les États fragiles ou sortant de conflit, confrontés à des contrats déséquilibrés, à des procédures d’arbitrage internationales ou à des risques d’endettement non maîtrisé.
Dans son plan stratégique 2023-2027, l’ALSF souligne l’importance d’un ressourcement durable de son dispositif, à la fois pour répondre à la demande actuelle et anticiper les défis de demain. Au cours de ce forum, trois grands axes structureront les débats : la pérennisation du financement de l’institution, la bonne gouvernance contractuelle, et les enjeux juridiques liés au développement durable.
Les thèmes qui seront abordés sont, entre autres, les clauses environnementales dans les contrats miniers, les mécanismes de partage de production dans le secteur pétrolier, ou encore la place du droit dans les stratégies de transition énergétique.
Le Forum devrait également faire la part belle à la réflexion sur la souveraineté juridique africaine, dans un contexte mondial où les asymétries contractuelles restent fortes. Pour nombre d’experts, il ne suffit plus de négocier de bons contrats : encore faut-il disposer des ressources humaines, des institutions et des mécanismes de recours adaptés pour les faire respecter.
AP/Sf/APA