La nouvelle Banque africaine de l’énergie, initiée par l’Organisation des pays africains producteurs de pétrole (APPO), vise à accroître les investissements dans le secteur des hydrocarbures et de l’énergie sur le continent.
« Face aux difficultés de financement du secteur, surtout avec le retrait des financiers Occidentaux, les pays africains producteurs de pétrole ont décidé de mettre en place une banque pour financer le secteur pétrolier qui est assez stratégique pour bon nombre de pays producteurs de pétrole », a dit Zakaria Dosso, directeur général de AEICORP.
Lors d’un panel, à l’occasion de la 1ère édition du Salon international des ressources extractives et énergétiques (SIREXE), à Abidjan, M. Dosso, directeur général de AEICORP , le bras financier de l’Organisation des pays africains producteurs de pétrole (APPO), a expliqué les enjeux du projet.
Selon M. Zakaria Dosso, « plus de 75% du pétrole brut africain est exporté hors du continent, ce qui veut dire implicitement qu’il n’y a vraiment pas de valeurs ajoutées sur la production. A contrario, plus de 50% des besoins en produits pétroliers (du continent) sont importés. »
Depuis 2008, la production de pétrole brut en Afrique connaît une baisse. La production cumulée est passée de plus de 10 millions de barils jours à environ 5 millions de barils jour en 2023. Et ce, du fait d’un manque d’investissements dans le secteur.
Cette banque dénommée la Banque africaine de l’énergie, va financer toute la chaîne de valeur, allant de la production jusqu’au raffinage et à la distribution, « de telle sorte qu’on n’aurait pas besoin des financements hors africains », a-t-il indiqué.
Une banque continentale
« Cette stratégie vise l’autonomisation du secteur pour ce qui est des hydrocarbures et de l’énergie en général », a relevé M. Dosso, faisant observer que « la plus grande partie des financiers du secteur des hydrocarbures, c’est des financiers hors Afrique ».
« Le capital de cette banque sera de 5 milliards de dollars dont 3 milliards seront financés par les pays de l’APPO et Afreximbank qui est le partenaire stratégique sur le projet ; et les deux autres milliards viendront des actionnaires comme les banques régionales et autres », a-t-il précisé.
« Cette banque va venir aider les pays à se doter de raffineries, un peu à l’image de la raffinerie de Aliko Dangoté qui est une bouffée d’oxygène pour le Nigeria et va permettre d’accroître la production de brut en Afrique », a-t-il soutenu.
Il s’agit d’« une banque de développement à un niveau continental. Donc, elle ne peut pas traiter directement avec les PME. La stratégie qui sera utilisée, c’est d’avoir des banques locales éligibles, qui auront des lignes de crédits et qui ensuite vont allouer des fonds aux PME », a-t-il poursuivi.
La Banque africaine de l’énergie qui sera basée à Abuja devrait être mise sur pied « au premier trimestre 2025 et on a déjà eu beaucoup de fonds de la part du Nigeria », de l’Angola, du Ghana et d’autres pays, a fait savoir M. Zakaria Dosso.
Problématique du financement
Denis Charles Kouassi, le directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) en Côte d’Ivoire, a soutenu lors du panel qu’il faut développer les fonds de pension, qui sont une alternative au financement de ce secteur qui nécessite d’importants moyens financiers.
« Aujourd’hui, on a un portefeuille de 1 000 milliards de Fcfa en monétaire et financier ; quand on ajoute le foncier et l’immobilier, on a plus de 1 500 milliards de Fcfa et selon nos projections, en 2030, on sera au moins à 3.000 milliards de Fcfa », a-t-il expliqué.
M. Oumar Tembely, président de la BAOD, a, à propos du financement de l’industrie extractive, déclaré : « nous sommes en partenariat avec les fonds environnementaux mondiaux, tels que le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial et le Fonds d’adaptation ».
La BOAD a, ainsi, « la capacité de soumettre des projets, formulés par les Etats pour bénéficier de ressources durables pour financer leurs projets de développement », a-t-il fait remarquer, ajoutant que la banque est « disposée à accompagner » la Banque africaine de l’énergie.
Le Salon international des ressources extractives et énergétiques (SIREXE), dont la 1ère édition se tient à Abidjan, du 27 novembre au 2 décembre 2024, a pour thème « Développement durable des industries extractives et énergétiques : Quelles politiques et quelles stratégies ».
AP/Sf/APA