La Côte d’Ivoire organise un Forum sur les marchés du carbone en Afrique, voulant se positionner comme leader en matière de transition bas carbone en Afrique de l’Ouest et sur le continent.
Le ministre ivoirien de l’Environnement, du développement durable et de la Transition écologique, M. Jacques Assahoré, a procédé ce jeudi, à Abidjan, à l’ouverture d’un Forum sur les marchés du carbone en Afrique de l’Ouest, prévu les 23 et 24 janvier 2025.
Ce forum, organisé en partenariat avec l’Union européenne et l’ambassade de France, vise à promouvoir le mécanisme de crédit carbone et « permettre à tous les acteurs de se familiariser avec ce nouveau dispositif qui va apporter des ressources additionnelles pour financer l’action climatique ».
« Aujourd’hui, nous avons mis en place tout le dispositif réglementaire, nous avons créé un Bureau de marché carbone qui a lancé ses activités la semaine dernière », a fait savoir le ministre ivoirien de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique.
Jacques Assahoré Konan a, d’ailleurs, assuré que la Côte d’Ivoire dispose d’un portefeuille national de projets liés à l’action climatique, depuis 2024, et se trouve actuellement « dans une phase de promotion de ce portefeuille ».
« Le potentiel en termes de marché carbone de la Côte d’Ivoire est immense. Nous avons fait un projet pilote en 2024 avec le Fonds carbone de la Banque mondiale, qui nous a déjà permis de mobiliser 30 millions de dollars (18,89 milliards Fcfa) », a-t-il partagé.
Ce fonds devrait bénéficier, entre autres, aux acteurs et aux communautés riveraines qui ont participé aux projets de planting d’arbres et à la reforestation, a-t-il indiqué, soulignant que « la Côte d’Ivoire est prête et (le pays) dispose de registre carbone et de manuel de procédure ».
Défis climatiques
L’ambassadeur de la France en Côte d’Ivoire, M. Jean-Christophe Belliard, s’est félicité de ce forum sur les marchés du carbone, qui vise à transformer les défis climatiques en moteur d’innovation et de développement durable.
Pour le diplomate français, Jean-Christophe Belliard, « la neutralité carbone ne se limite pas (seulement) à l’objectif environnemental, elle est une voie pour construire une économie nouvelle, prospère et résiliente ».
L’Afrique de l’Ouest, avec ses richesses, se trouve aujourd’hui confrontée au changement climatique. Ainsi, le marché du carbone représente une véritable opportunité pour attirer des financements majeurs et renforcer les capacités locales pour une transition écologique.
« Ensemble, Etats, entreprises et institutions, nous avons l’opportunité de bâtir une économie bas carbone, créatrice de valeurs, d’emplois et de solutions pour la planète », a renchéri l’ambassadeur de la France en Côte d’Ivoire.
La représentante de l’Union européenne (UE) en Côte d’Ivoire, Mme Francesca Di Mauro, a rappelé que les impacts du changement climatique sont de plus en plus visibles dans le monde et l’Afrique de l’Ouest n’est pas épargnée avec le lot de sécheresse, d’inondation et la perte de la biodiversité.
« Dans ce contexte, le marché carbone représente une opportunité unique qui offre une plateforme où les réductions d’émission de gaz à effet de serre peuvent être valorisées et encourager les investissements dans des technologies propres », a-t-elle relevé.
Crédit carbone
La compensation carbone permet à des pays, ainsi qu’à des entreprises ou des particuliers de soutenir financièrement, grâce à l’achat de crédits carbone, des projets de réduction ou de séquestration de CO2.
Ces projets comprennent, par exemple, le remplacement d’une source d’énergie fossile par une énergie renouvelable. Les crédits sont émis par les acteurs qui mettent en place ces projets et sont labellisés par des organismes de certification.
Pour obtenir le nombre de crédits carbone qui va pouvoir être vendu, on estime l’impact des projets sur le climat : un crédit carbone correspond soit à une tonne de CO2 qui n’a pas été émise, soit à une tonne de CO2 séquestrée.
Ce forum vise à réduire les émissions de CO2 et à obtenir des appuis via des projets décarbonés. L’Afrique de l’Ouest représente l’une des régions les plus vulnérables en termes de changement climatique, bien que les émissions de la région ne représentent que 1,8% des émissions mondiales.
Toutefois, cette vulnérabilité peut se transformer en levier de résilience et d’innovations. C’est ici que le marché carbone entre en jeu, offrant l’opportunité d’allier développement économique, transition écologique et justice climatique.
Dans la région ouest-africaine, le marché carbone reste largement sous-exploité. En dix ans, les pays de l’Afrique de l’Ouest n’ont émis que 20 millions de tonnes de crédits carbone, soit 9% des crédits carbone générés dans toute l’Afrique.
Pour transformer les défis, le rôle du secteur privé est fondamental. Selon la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), 80% des financements nécessaires à la transition doivent venir du secteur privé pour y apporter des ressources financières et technologiques.
AP/Sf/APA