Avec l’opposition déclarée de Pascal Affi N’Guessan à un 4e mandat d’Alassane Ouatara, le climat politique en Côte d’Ivoire connaît une tension pré-électorale, à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Se dressant contre un autre mandat du président Ouatara, Affi Nguessan a déclare : « Notre cher pays ne peut pas se permettre une nouvelle crise. La Côte d’Ivoire n’a pas le droit de s’entredéchirer ». Le président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), s’est exprimé à l’occasion de l’an 35 du multipartisme en Côte d’Ivoire.
Le multipartisme en Côte d’Ivoire, survenu dans les années 90, « nous l’avions arraché par la force de notre volonté. C’était notre victoire, c’était une victoire pour notre pays tout entier », a fait savoir Affi, souhaitant que le pays reste dans un élan démocratique.
« Cette année, le pouvoir doit accepter enfin une évidence : la perpétuation de ce régime met notre pays en danger. Je le dis avec gravité : Alassane Ouattara n’a pas le droit de se représenter pour un 4ème mandat », a dit Pascal Affi N’Guessan.
Alors que l’opposition politique dénonçait, en 2020, un troisième mandat de Alassane Ouattara, le Conseil constitutionnel ivoirien, a tranché soutenant que le compteur était à zéro après le référendum constitutionnel de 2016. La Constitution fixe le mandat présidentiel à deux quinquennats.
« Ce moment charnière de la construction de notre nation reste un marqueur fort que nous célébrons chaque année. Mais, célébrer ne veut pas dire se voiler la face. Nos engagements d’hier nourrissent nos combats d’aujourd’hui. Ils nous imposent un exercice de vérité », a-t-il souligné.
Pour Affi N’Guessan, la « stabilité (de la Côte d’Ivoire) passe par l’organisation d’élections ouvertes, pluralistes et transparentes qui donnent une chance à l’alternance ». Cependant, « la CEI (Commission électorale indépendante) a failli (et) le changement de ses membres est un impératif tout comme l’audit de la liste électorale ».
Il a fait observer que « la Côte d’Ivoire n’a jamais connu d’alternance sereine, d’élection présidentielle inclusive. Chaque rendez-vous électoral se présente comme une épreuve, un danger, une souffrance, au lieu d’être une confrontation d’idées et de projets (…)
» Depuis la présidentielle de 2020, nous savons que notre loi fondamentale n’est pour certains qu’un bout de papier que l’on chiffonne sans état d’âme. Son respect est pourtant la base d’une démocratie apaisée », a martelé le leader du FPI, M. Affi N’Guessan.
Selon l’ex-Premier ministre, la démocratie ivoirienne est « immature parce que nous n’avons pas su nous l’approprier, en faire une valeur essentielle et partagée. Pour cela, il aurait fallu dépasser nos ressentiments en jouant la carte d’une réconciliation sincère. Là encore, le pouvoir a préféré cliver, diviser, fracturer ».
« La conséquence est là : la Côte d’Ivoire une fois encore se trouve en situation de risque à la veille de son élection présidentielle », a-t-il relevé, disant que « le dernier rapport annuel d’Amnesty International est édifiant et affligeant ».
Dénonçant « l’exclusion politique », il a cité l’ex-président Laurent Gbagbo, Blé Goudé et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro qui « se sont vus confirmer la privation de leurs droits civiques. Ces trois radiations (du listing électoral) seraient inconcevables dans une démocratie réelle : C’est une indignité ».
« Qui aurait pu imaginer, alors que le président de la République en exercice se réclame de l’houphouetisme, que le risque soit pris, sciemment, de faire du petit neveu du père fondateur (Tidjane Thiam) de notre pays un apatride ? », s’est-il interrogé.
« Qui aurait pu imaginer que le nouveau président (Tidjane Thiam) de l’ex-parti unique (PDCI) soit obligé de se réfugier à l’étranger parce qu’il craint pour sa sécurité ? Qui aurait pu imaginer que son mouvement politique soit l’objet de tentatives permanentes de déstabilisation ? », a-t-il lancé.
« Ce n’est pas cela, la Côte d’Ivoire que nous voulons ! », a-t-il affirmé, déplorant la condamnation à deux ans ferme de l’enseignant Ghislain Dugarry Assy, interpellé par « des hommes encagoulés » à la suite d’une grève dans le secteur éducation.
AP/Sf/APA