L’Égypte a exprimé son choc et suit avec une « profonde inquiétude » et un « profond regret » les déclarations pour le moins agressifs du Premier ministre éthiopien, Abyi Ahmed au Parlement éthiopien, quant à la manière de traiter le dossier du barrage de la renaissance, a indiqué mardi le ministère égyptien des Affaires étrangères.
Par Mohamed Fayed
Les propos du premier ministre éthiopien, qui ouvre la voie à toutes les éventualité, y compris l’option militaire pour protéger ses droits de construire le barrage de la renaissance sont « surprenants » dans la mesure où ils sont contraires aux principes et à l’esprit de la charte de l’Union africaine, d’autant plus que l’Égypte a toujours préconisé la voie de la négociation pour résoudre le différend liés au barrage de la Renaissance entre les trois pays, Ethiopie, Soudan et Egypte, « en toute transparence et bonne foi ».
Le ministère exprime également son étonnement quant à ces déclarations qui interviennent quelques jours après que le Premier ministre éthiopien ait reçu le prix Nobel de la paix, ce qui aurait dû inciter la partie éthiopienne à faire preuve d’une volonté politique et d’une souplesse pour parvenir à un accord qui prend en compte les intérêts des trois pays concernés.
Lors d’une séance de questions-réponses au Parlement, le premier ministre éthiopien a fait une déclaration surprenante en disant : « Si nous devons entrer en guerre, nous pouvons mobiliser des millions de personnes. Si certains peuvent tirer un missile, d’autres peuvent utiliser des bombes ».
Il a souligné que son pays est déterminé à mener à bien le projet de barrage initié par les anciens dirigeants, parce que, selon c’est un « excellent projet ».
Néanmoins, le Premier ministre a rappelé que la guerre « n’était dans l’intérêt de personne et que l’Éthiopie n’avait aucune volonté de faire du mal à l’Égypte ».
Les tensions continuent entre l’Égypte et l’Éthiopie concernant le « grand barrage de la Renaissance ». Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, devrait rencontrer le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi ce mercredi 23 octobre, en marge du sommet Russie-Afrique. Le face-à-face promet d’être houleux.
Le Caire tente de faire intervenir un médiateur dans la crise. Les Égyptiens auraient déjà contacté les États-Unis, la Russie, la Chine ou encore le Conseil de sécurité. Mais jusqu’à présent, les Éthiopiens refusent tout intermédiaire. Le mois dernier le président al-Sissi avait déclaré à l’ONU que l’Égypte ne laisserait « jamais Addis-Abeba imposer une situation de fait » en remplissant le réservoir du barrage sans accord préalable.
Le Nil Bleu, qui prend sa source en Éthiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Égypte avant de se jeter dans la Méditerranée. Le barrage de la Renaissance est censé devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, avec une production de 6.000 mégawatts.
Cette infrastructure unique en Afrique, construite par Addis-Abeba sur le Nil Bleu, est aux deux-tiers achevée. Les Éthiopiens veulent désormais remplir le réservoir le plus vite possible. Ce que refusent les Égyptiens qui craignent une forte baisse de leurs ressources en eau.
HA/APA