Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a tenu des propos pour le moins agressifs mardi lors d’une séance de questions-réponses au Parlement, en déclarant « qu’aucune force ne pourrait empêcher l’Éthiopie de construire le barrage ».
Par Mohamed Fayed
« Si nous devons entrer en guerre, nous pouvons mobiliser des millions de personnes. Si certains peuvent tirer un missile, d’autres peuvent utiliser des bombes », a-t-il lancé aux députés. Des propos surprenants de la part d’un Abiy Ahmed célébré dans le monde entier depuis son prix Nobel de la Paix décerné il y a à peine quelques jours.
Il a souligné que son pays est déterminé à mener à bien le projet de barrage initié par les anciens dirigeants, parce que, selon c’est un « excellent projet ».
Néanmoins, le Premier ministre a rappelé que la guerre « n’était dans l’intérêt de personne et que l’Éthiopie n’avait aucune volonté de faire du mal à l’Égypte ».
Les tensions continuent entre l’Égypte et l’Éthiopie concernant le « grand barrage de la Renaissance ». Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, devrait rencontrer le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi ce mercredi 23 octobre, en marge du sommet Russie-Afrique. Le face-à-face promet d’être houleux.
Le Caire tente de faire intervenir un médiateur dans la crise. Les Égyptiens auraient déjà contacté les États-Unis, la Russie, la Chine ou encore le Conseil de sécurité. Mais jusqu’à présent, les Éthiopiens refusent tout intermédiaire. Le mois dernier le président al-Sissi avait déclaré à l’ONU que l’Égypte ne laisserait « jamais Addis-Abeba imposer une situation de fait » en remplissant le réservoir du barrage sans accord préalable.
Le Nil Bleu, qui prend sa source en Éthiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Égypte avant de se jeter dans la Méditerranée. Le barrage de la Renaissance est censé devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, avec une production de 6.000 mégawatts.
Cette infrastructure unique en Afrique, construite par Addis-Abeba sur le Nil Bleu, est aux deux-tiers achevée. Les Éthiopiens veulent désormais remplir le réservoir le plus vite possible. Ce que refusent les Égyptiens qui craignent une forte baisse de leurs ressources en eau.
HA/APA