La visite de travail du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, suscite des commentaires divergents dans les journaux camerounais parus mercredi, lesquels s’intéressent également à l’état de santé préoccupant d’un ex-Premier ministre dans un contexte sociopolitique où règne la sinistrose.
Alors que son arrivée n’a pas fait l’objet d’une publicité gouvernementale, Jean-Yves Le Drian s’affiche dans les quotidiens à capitaux privés Émergence et Le Jour, qui voient en son séjour à Yaoundé une douce pression de Paris au régime Biya, plongé dans une crise séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dans une guerre permanente avec son opposition et régulièrement accusé d’atteintes aux libertés publiques.
Chez Essignan, qui consacre sa principale manchette au sujet, le chef de la diplomatie française vient, surtout, demander réparation pour Michel Thierry Atangana, du nom de ce financier Franco-camerounais retenu pendant 17 ans dans les prisons camerounaises pour de sombres histoires de malversations financières sur fond de répression politique.
Nul doute, s’avance Le Jour, que le dossier sera évoqué en coulisses, tel qu’il ressort d’un courrier que le ministre français a adressé à un député de son pays, au sujet d’une réhabilitation intégrale de l’intéressé et qui doit également obtenir l’indemnisation des préjudices subis.
Un autre dont le sort inquiète InfoMatin et Le Messager, c’est l’ancien Premier ministre Ephraïm Inoni, aujourd’hui âgé de 72 ans et qui purge une peine d’emprisonnement de 20 ans pour détournement de deniers publics. Très mal en point depuis des mois, le deuxième journal cité indique que sa famille a sollicité et obtenu une autorisation spéciale d’évacuation sanitaire en Allemagne auprès du président Paul Biya, qui a abouti voici quelques jours.
Dans la région du du Sud-Ouest, dont il est originaire, The Sun se fait le relais des chefs, qui viennent de lancer un dernier appel pressant au chef de l’État en faveur de l’évacuation sanitaire du concerné. Le même hebdomadaire de langue anglaise, revisitant les conclusions du récent Grand dialogue national, destiné à ramener la paix dans une partie du pays minée par la guerre sécessionniste, entreprend de relever quelques points saillants allant au-delà de la proposition d’un statut spécial en zone anglophone.
Au-delà de cette possible avancée, plusieurs autres conclusions, issues de cette grande palabre à l’instar de la décentralisation, de l’amnistie générale et de la reconstruction devraient, si elles étaient mises en œuvre, permettre à chaque communauté de s’autogérer et de s’épanouir. Près d’un mois après ladite table ronde, renchérit l’hebdomadaire satirique Le Popoli, les choses semblent aller dans le sens inverse à en juger par le regain de violence sur le terrain.
Dans l’Adamaoua aussi, région frontalière avec le Nord-Ouest, le phénomène de prise d’otages avec demande de rançon bat son plein avec, a calculé L’œil du Sahel, 150 kidnappings enregistrés en 2018. Il faudrait sans doute, soupire le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qu’on passe du discours au concret dans le développement agropastoral à travers la garantie de la sécurité alimentaire, l’approvisionnement des industries en matières premières ou encore la création d’emplois ainsi qu’en ont convenu, la veille dans la métropole économique, Douala, le gouvernement et le secteur privé.
FCEB/cat/APA