L’opposition camerounaise avec à sa tête le Social democratic front (SDF), parti-leader de l’opposition parlementaire, menace de boycotter les premières élections régionales du pays, mais aussi les législatives et les municipales.
Cette position qui découle du Comité exécutif national réuni ce week-end à Douala sous la présidence de Ni John Fru Ndi, président national du SDF, a pour but de dénoncer la situation sociopolitique de l’heure, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où le SDF accuse le pouvoir d’y avoir déclaré une guerre civile.
« Le Comité Exécutif National du SDF rappelle à la communauté nationale et internationale que la guerre civile en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun a été déclarée par le Président de la République, M. Paul Biya, le 30 novembre 2017 à l’aéroport Nsimalen à son retour d’un voyage officiel à Abidjan », précise le communiqué reçu lundi par APA.
« Si les élections sont convoquées et se tiennent dans ces circonstances, le SDF ne participera car ces scrutins conduiront inéluctablement à la division définitive du pays en deux entités territorialement distinctes », ajoute le communiqué.
Au cas où la situation actuelle resterait inchangée, « le SDF, souligne le communiqué, se trouvera dans l’obligation de suspendre la participation de ses parlementaires à la session de Novembre 2019 tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat ».
Selon le SDF, « cette déclaration de guerre » a déclenché une spirale de violence qui a eu des conséquences désastreuses : mutilations, viols, tortures, enlèvements, massacres, pillages, destructions et incendies d’écoles, d’hôpitaux, de maisons et la destruction de villages entiers.
Elle a également causé des milliers de victimes et le déplacement de personnes qui, « aujourd’hui, sont des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, accomplissant paradoxalement le programme secret d’assimilation des anglophones, notamment l’annihilation du système éducatif et de la Common Law ».
Après avoir exhorté le Président Biya à assurer un retour rapide à la normale, le SDF accuse le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), « d’avoir tiré des avantages politiques des bouleversements sociopolitiques en cours ».
Avant le SDF, d’autres formations politiques à l’instar du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dont plus d’une centaine de militants sont actuellement en prisons pour participation aux « manifestations interdites » ou encore le Cameroon people party (CPP) avaient déjà annoncé qu’ils boycotteraient les prochaines élections au regard de la situation sociopolitique actuelle.
Suite à la deuxième et dernière prorogation du mandat des députés et des conseillers municipaux en juillet dernier, les prochaines élections législatives et municipales devraient avoir lieu au plus tard en février 2020.
MBOG/cat/APA