Le commerce extérieur sénégalais présente un tableau contrasté en ce début d’année 2025, fait de recul mensuel des exportations sur fond d’un essor annuel remarquable.
Malgré un léger repli mensuel des exportations de 5,3%, leur progression annuelle impressionnante de 33,1% témoigne d’une dynamique positive sur le long terme. Parallèlement, les importations poursuivent leur tendance haussière avec une augmentation de 10,7% par rapport à décembre, creusant davantage le déficit commercial.
En janvier 2025, les exportations sénégalaises ont atteint 382,9 milliards de FCFA, marquant un recul de 5,3% par rapport aux 404,3 milliards enregistrés en décembre 2024. Cette baisse s’explique principalement par la diminution significative des expéditions d’or non monétaire, dont la valeur a chuté de moitié pour s’établir à 36,3 milliards de FCFA.
Les exportations d’huiles brutes de pétrole ont également connu une forte contraction, passant de 65,9 milliards à 36,2 milliards de FCFA. Le secteur halieutique n’a pas été épargné, avec une réduction des ventes de poissons frais de mer qui sont passées de 23,6 milliards à 13,7 milliards de FCFA.
L’acide phosphorique, autre produit clé des exportations sénégalaises, a également vu ses expéditions diminuer de 28,1 milliards à 18,6 milliards de FCFA.
Toutefois, cette tendance baissière a été partiellement compensée par la performance remarquable du secteur des produits pétroliers raffinés, dont les exportations ont bondi à 101,1 milliards de FCFA contre 78,8 milliards le mois précédent.
Le secteur agricole a également contribué à atténuer cette baisse globale, notamment grâce à une hausse spectaculaire des exportations d’engrais minéraux et chimiques, qui sont passées de 0,4 milliard à 15,3 milliards de FCFA.
Dans une perspective annuelle, le tableau est nettement plus positif : comparées à janvier 2024, les exportations totales du Sénégal affichent une progression impressionnante de 33,1%, témoignant d’une dynamique de croissance solide sur le long terme malgré les fluctuations mensuelles.
Composition et destination des exportations sénégalaises
Le portefeuille d’exportation du Sénégal en janvier 2025 est dominé par les produits pétroliers, qui représentent plus d’un quart de la valeur totale avec 101,1 milliards de FCFA. L’or non monétaire et l’huile brute de pétrole occupent respectivement les deuxième et troisième places, avec des valeurs quasi identiques de 36,3 et 36,2 milliards de FCFA.
Les produits de la pêche, notamment les poissons frais de mer, complètent ce tableau avec une contribution de 18,6 milliards de FCFA.
Sur le plan géographique, les exportations sénégalaises révèlent une forte orientation régionale, avec le Mali comme premier partenaire commercial absorbant près d’un tiers (30,2%) des exportations. Cette prépondérance souligne l’importance des relations commerciales transfrontalières et le rôle du Sénégal comme hub logistique en Afrique de l’Ouest.
Les États-Unis représentent le deuxième marché d’exportation avec 15,4% des ventes, suivis par la Mauritanie (9,1%), confirmant l’ancrage régional du commerce sénégalais. L’Inde et la Suisse complètent le top 5 des destinations avec respectivement 5,4% et 5,1% des exportations, illustrant la diversification progressive des partenariats commerciaux du pays.
Une hausse significative des importations
En parallèle, les importations sénégalaises ont connu une augmentation substantielle de 10,7% en janvier 2025, atteignant 799,7 milliards de FCFA contre 722,4 milliards le mois précédent. Cette progression s’explique principalement par la reprise des importations d’huiles brutes de pétrole, qui étaient inexistantes en décembre 2024 et ont atteint 49,7 milliards de FCFA en janvier.
Les achats de matières plastiques artificielles ont presque doublé, passant de 21,3 à 38,1 milliards de FCFA, tandis que les importations d’autres produits pétroliers ont augmenté de 106,1 à 118,5 milliards de FCFA.
Le secteur industriel a également contribué à cette hausse, avec une forte augmentation des importations de métaux communs qui sont passées de 12,9 à 24,1 milliards de FCFA, ainsi que des autres matériels de transport dont la valeur a progressé de 169,8 à 177,7 milliards de FCFA.
Cette tendance haussière a néanmoins été modérée par la diminution des importations de certains biens d’équipement. Les achats d’autres véhicules terrestres ont reculé de 34,6 à 25,6 milliards de FCFA, tandis que les importations d’autres machines et appareils ont diminué de 63,4 à 56,4 milliards de FCFA.
De même, les acquisitions de machines et appareils pour autres industries ont baissé de 18,7 à 13,0 milliards de FCFA.
Sur une base annuelle, les importations ont connu une croissance encore plus marquée que les exportations, avec un bond impressionnant de 31,8% par rapport à janvier 2024, reflétant une forte demande intérieure et une intensification des activités économiques dans le pays.
Le profil des importations sénégalaises en janvier 2025 révèle une forte dépendance aux équipements de transport et aux produits énergétiques. Les autres matériels de transport dominent largement le tableau avec 177,7 milliards de FCFA, suivis des autres produits pétroliers qui représentent 118,5 milliards de FCFA.
Les autres machines et appareils constituent le troisième poste d’importation avec 56,3 milliards de FCFA, tandis que les huiles brutes de pétrole complètent cette liste avec 49,9 milliards de FCFA.
Quant à l’origine géographique des importations, elle témoigne d’une diversification des partenariats commerciaux du Sénégal. Singapour occupe la première place avec 12,2% des importations, suivi de près par l’Inde (11,2%).
La Chine et la France se partagent la troisième position avec chacune 9,9% des importations, illustrant l’équilibre entre les partenaires traditionnels et émergents. Le Nigéria, avec 6,2% des importations, complète ce tableau des cinq principaux fournisseurs du Sénégal.
Perspectives pour l’économie sénégalaise
L’analyse des échanges commerciaux du Sénégal en janvier 2025 met en lumière plusieurs tendances significatives pour l’économie nationale. Le déficit commercial s’est creusé, avec des importations (799,7 milliards de FCFA) largement supérieures aux exportations (382,9 milliards de FCFA). Cette situation souligne la nécessité pour le Sénégal de poursuivre ses efforts de diversification économique et de renforcement de sa capacité productive.
Néanmoins, la forte progression annuelle tant des exportations que des importations témoigne d’un dynamisme certain de l’économie sénégalaise. La prédominance des produits pétroliers dans les échanges commerciaux confirme l’émergence du Sénégal comme acteur énergétique régional, une tendance qui devrait se renforcer avec le développement continu des infrastructures pétrolières et gazières du pays.
L’importance des relations commerciales avec les pays voisins, notamment le Mali et la Mauritanie, souligne également le potentiel de l’intégration économique régionale comme levier de croissance pour le Sénégal. Dans un contexte mondial incertain, cette orientation pourrait constituer un atout majeur pour la résilience économique du pays.
ARD/te/Sf/APA