Les dirigeants de la SADC se réunissent ce jeudi en sommet virtuel pour évaluer la situation sécuritaire en RDC, alors que les tensions avec le Rwanda s’intensifient et que la Belgique réaffirme son soutien à Kinshasa.
Les chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se réunissent ce jeudi en sommet virtuel extraordinaire pour répondre à la dégradation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), dans un contexte diplomatique tendu marqué par des déclarations controversées du Rwanda et un soutien réaffirmé de la Belgique à Kinshasa.
Le sommet, présidé par le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, doit examiner les derniers développements sécuritaires et statuer sur une possible révision du mandat de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC), qui a récemment subi de lourdes pertes.
Cette rencontre de haut niveau survient une semaine seulement après la réunion de la Troïka Plus tenue le 6 mars, témoignant de l’urgence de la situation après les revers subis par les forces de la SAMIDRC dans l’Est congolais.
À la veille de ce sommet crucial, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a fermement démenti toute implication territoriale du Rwanda dans l’est de la RDC lors d’une interview accordée à la RTBF.
« Qui a pris des territoires à l’est de la RDC, Goma, Bukavu, c’est le M23 qui est un mouvement congolais. Le Rwanda, comme je l’ai expliqué, ne prend pas de territoire à l’est de la RDC », a déclaré le chef de la diplomatie rwandaise, qualifiant la situation de « menace existentielle » pour son pays.
Le ministre a justifié la posture de Kigali en évoquant des raisons historiques. « Ces 30 dernières années, on a le mouvement génocidaire qui est donc issu de ces personnes qui ont commis le génocide contre les Tutsis au Rwanda, qui a été entretenu, armé, financé par différents gouvernements congolais et qui a mené des attaques régulières sur notre territoire », a-t-il rappelé.
Dans le même temps, le président congolais Félix Tshisekedi a reçu mercredi à la Cité de l’Union africaine Marc Pecsteen, nouvel Envoyé spécial du Royaume de Belgique pour la région des Grands Lacs, pour évoquer la situation sécuritaire et les perspectives de paix.
« La Belgique a eu à cœur de dénoncer de façon forte et claire l’agression dont la RDC est victime. On le fait parce qu’on est très attaché aux principes du respect de droit international, du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tout État », a déclaré l’émissaire belge à l’issue de cette rencontre.
L’Envoyé spécial belge s’est également dit « encouragé » par la dynamique issue de la récente rencontre de Luanda entre les Présidents Tshisekedi et Lourenço, soulignant l’importance que « la RDC y participe pleinement de façon constructive » tout en appelant « l’autre partie » à revenir à la table des négociations.
Lors de la précédente réunion de la SADC, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan avait déclaré : « La région de la SADC fera de son mieux pour aider la RDC », réaffirmant « la solidarité de la SADC avec le peuple de la RDC dans un esprit d’unité et de coopération ».
Le sommet d’aujourd’hui devrait statuer sur les recommandations issues de la réunion du 6 mars, notamment concernant une possible révision du mandat de la SAMIDRC, dans un contexte d’intensification des affrontements dans l’Est de la RDC.
Ces développements diplomatiques illustrent la complexité de la situation dans une région où les tensions entre le Rwanda et la RDC persistent, Kinshasa accusant régulièrement Kigali de soutenir le mouvement rebelle M23, qui a conquis de vastes territoires dans l’est congolais depuis fin 2021.
AC/Sf/APA