Après 50 ans d’existence, l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) a dévoilé sa nouvelle stratégie 2024-2030, une vision ambitieuse axée sur la durabilité et la résilience des systèmes alimentaires, fonciers et hydriques, avec pour objectif de répondre aux défis urgents de l’Afrique.
L’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) a célébré, jeudi, ses 50 ans à Dakar en présentant une stratégie visionnaire pour transformer les systèmes d’élevage en Afrique de l’Ouest et du Centre. Alors que le continent fait face à des défis alimentaires croissants, l’organisation repositionne sa mission vers un objectif plus ambitieux.
« Nous sommes passés de ‘faire en sorte que la révolution de l’élevage bénéficie aux populations pauvres’ à ‘améliorer les vies et la planète‘ », explique Apollinaire Djikeng, directeur général de l’organisation.
A l’en croire, cette évolution traduit une compréhension plus profonde des défis interconnectés auxquels l’Afrique est confrontée : sécurité alimentaire, changement climatique et développement économique.
Professeur Abdoulaye Dieng, Conseiller technique n°1 du ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, a magnifié les efforts déployés par l’ILRI pour accompagner les politiques mises en place par le gouvernement dans le secteur.
« Vos approches s’alignent parfaitement avec les orientations étatiques en matière d’agriculture et d’élevage. Et dans ce cadre, la recherche que vous prônez est la bienvenue parce qu’elle va permettre de guider les décisions qui seront prises. Le gouvernement du Sénégal s’engage à vous y accompagner », a déclaré le professeur Dieng.
La nouvelle stratégie 2024-2030 reflète cette approche systémique, reconnaissant que l’élevage n’est pas seulement une activité économique, mais un levier essentiel pour le développement durable.
Cette transformation reflète une approche holistique qui intègre développement économique et durabilité environnementale.
La stratégie 2024-2030 répond à un besoin urgent : la demande en produits animaux devrait augmenter de 50 % d’ici 2050. Face à ce défi, l’ILRI se concentre sur des solutions innovantes pour les petits exploitants, qui produisent actuellement plus de 70 % du bétail régional.
Les objectifs principaux incluent la promotion de systèmes d’élevage résilients, le soutien aux objectifs climatiques nationaux et le renforcement des partenariats institutionnels.
« Le Sénégal, à travers ses institutions et ses partenariats, est pleinement engagé dans cette dynamique. Nous sommes convaincus que l’élevage, lorsqu’il est soutenu par une recherche de qualité, peut non seulement nourrir nos populations, mais aussi créer des opportunités économiques durables pour nos éleveurs et nos jeunes entrepreneurs », a indiqué le secrétaire d’Etat aux coopératives agricoles, Dr Alpha Ba.
Cette vision se traduit également par des partenariats solides. L’ILRI collabore étroitement avec des institutions comme le CGIAR, l’IITA, et l’ICRISAT, créant un écosystème de recherche et d’innovation.
Les projets actuels, comme le projet AICCRA (Accélérer les impacts de la recherche climatique du CGIAR pour l’Afrique), démontrent cette approche intégrée. Au Sénégal, au Ghana et au Mali, l’ILRI développe des services d’information climatique, soutient les petits exploitants et favorise des technologies agricoles intelligentes.
Un exemple particulièrement inspirant concerne l’autonomisation des femmes. Au Ghana, des plateformes numériques et des drones ont permis d’augmenter les vaccinations de volailles de 144 % et de réduire les coûts de 30 %.
Les recherches récentes de l’ILRI ont déjà démontré leur impact, notamment dans des domaines comme la santé animale, la gestion des parcours et l’adaptation au changement climatique. Les innovations technologiques, comme l’utilisation de drones pour la vaccination, et les approches intégrées de développement agricole témoignent de l’engagement de l’organisation.
« Ensemble, nous pouvons construire un avenir durable pour les milliards de personnes qui dépendent de l’élevage », a conclu M. Djikeng, résumant l’ambition collective de transformer les systèmes alimentaires africains.
ARD/ac/Sf/APA