Le 22e séminaire technique du Réseau francophone de la régulation des télécommunications (FRATEL) s’est ouvert, ce mardi 20 mai 2025, sur les berges de la lagune Ebrié, autour du thème « Connectivité internationale : état des lieux et perspectives ».
Le séminaire d’envergure internationale, qui durera du 20 au 22 mai 2025, est organisé par l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI) et l’Autorité de régulation des communications électroniques des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) France.
La 22e session du réseau Fratel abordera la question cruciale de la connectivité dans un contexte mondial, où le numérique est au cœur des défis des sociétés, des économies et du développement. Les experts plancheront sur l’état des lieux des infrastructures et des mécanismes de connectivité.
Ce rendez-vous se veut également une plateforme unique d’échanges sur les meilleures pratiques, la coopération régionale, les défis rencontrés et les solutions innovantes pour garantir une connectivité performante, résiliente et abordable pour tous.
Lakoun Ouattara, directeur général de l’ARTCI, a souligné que l’objectif est de mener des réflexions sur les défis et les opportunités liés aux infrastructures de connectivité internationale, considérées comme un pilier essentiel du développement numérique et de l’intégration économique des Etats.

Economie numérique
Sur le continent africain, moins de 30% du trafic Internet est échangé localement contre plus de 70% en Europe. A ce jour, l’Afrique est connectée au reste du monde par plus de 60 câbles sous-marins, totalisant plus de 150 000 Km de fibres optiques.
M. Lakoun Ouattara a relevé que ces infrastructures ont connu un essor majeur avec l’arrivée de nouveaux câbles tels que 2Africa, long de 45 000 Km et qui touchera plus de 33 pays, dont la Côte d’Ivoire. Ce câble, à lui seul, permettra de tripler la capacité actuelle d’accès à Internet sur le continent africain.
Il a mentionné que grâce à l’investissement dans les infrastructures, le taux de pénétration d’Internet en Côte d’Ivoire est passé de 27% en 2015 à plus de 60% en 2024. Le coût moyen du gigaoctet, lui, est passé de 1 500 Fcfa à moins de 500 Fcfa.
Aujourd’hui, l’économie numérique représente plus de 6% du PIB ivoirien avec une contribution croissante à la création d’emplois, notamment via les services numériques, le e-commerce et la finetech, a-t-il poursuivi.
Pour M. Lakoun Ouattara, l’un des enjeux clés est la souveraineté numérique, la localisation du trafic internet et l’épineuse question de l’hébergement des données. Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire a pris les devants avec la mise en place du point d’échange national (CIVIX).
Ce point d’échange permet de localiser environ 25% du trafic national, avec une ambition de monter à 50% d’ici à 2026. Le développement des nœuds régionaux devrait ainsi permettre de désengorger le trafic, réduire la latence et améliorer l’expérience des utilisateurs.
Souveraineté et compétitivité numérique
Les Datacenters représentent la colonne vertébrale de la transformation numérique. En 2024, l’Afrique comptait plus de 100 Datacenters, mais ceux-ci sont très inégalement répartis. L’Afrique de l’Ouest, notamment, représente moins de 15% de la capacité totale du continent.
M. Ibrahim Kalil Konaté, le ministre ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation, a relevé à l’ouverture des travaux, la problématique de l’énergie, la compétence numérique et la mise en œuvre de politiques de souveraineté numérique avec la création de Datacenters nationaux.
Mme Laure de La Raudière, présidente de l’ARCEP France, a fait observer que « nos sociétés et nos économies ne peuvent plus fonctionner sans le numérique ou sans l’accès à Internet ; et cela rend crucial le fonctionnement des réseaux internationaux, qui doivent être sûrs, redondants et résilients pour chacun des pays au risque de nous retrouver isolés. »
Durant ces trois jours de travaux, quelque 160 participants issus de 17 autorités de régulation, exploreront des thématiques cruciales à travers trois tables rondes dédiées : les enjeux des câbles sous-marins, des infrastructures vitales pour le transport de données intercontinentales.
Les participants tableront, en outre, sur la connectivité terrestre transnationale, notamment son rôle dans le maillage régional, ainsi que le potentiel des constellations satellitaires en orbite basse, une solution prometteuse pour l’accès à la connectivité dans les zones reculées.
Cet événement majeur s’inscrit dans la volonté de l’ARTCI et de FRATEL de renforcer les compétences des régulateurs francophones et de favoriser une coopération accrue face aux enjeux complexes du secteur des télécommunications et du numérique.
AP/Sf/APA