Le conflit armé, les déplacements massifs et la propagation de maladies aggravent considérablement l’insécurité alimentaire au Soudan du Sud, ont alerté plusieurs agences onusiennes.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), l’UNICEF et la FAO, les comtés de de Nasir et Ulang, au nord-est du Soudan du Sud, sont désormais « menacés de famine » dans les mois à venir. « Dans le pire des cas, la population y est considérée comme menacée de famine », alors que 11 des 13 comtés de l’État du Haut-Nil sont déjà en situation d’urgence alimentaire, ont-elles averti mardi.
« Une fois de plus, nous constatons l’impact dévastateur du conflit sur la sécurité alimentaire au Soudan du Sud », a déclaré Mary-Ellen McGroarty, Représentante du PAM, en appelant à une aide immédiate pour « éviter la famine » dans ces zones.
Les données publiées par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) révèlent qu’environ 32 000 personnes sont actuellement confrontées à une faim catastrophique (phase 5 de l’IPC), soit trois fois plus que les prévisions antérieures. Ces comtés ont été récemment le théâtre d’affrontements intenses et de bombardements aériens, entraînant d’importants déplacements de population.
Le rapport indique que « les deux tiers (1,04 million de personnes) de la population de l’État du Haut-Nil sont désormais confrontés à des niveaux de faim critiques », allant de la phase 3 à la phase 5 de l’IPC. À l’échelle nationale, environ 7,7 millions de personnes, soit 57 % de la population, vivent toujours en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
L’épidémie de choléra accentue la crise en aggravant la malnutrition chez les enfants et les mères. « L’épidémie de choléra a aggravé une situation déjà difficile, mettant de jeunes vies dans une lutte précaire pour la survie », a alerté Noala Skinner, Représentante de l’UNICEF au Soudan du Sud, appelant à « une continuité et une augmentation des services de prévention et de traitement de la malnutrition ».
Selon les estimations actuelles, 200 000 enfants supplémentaires risquent de souffrir de malnutrition aiguë, tandis que le nombre total d’enfants concernés dans le pays est passé de 2,1 millions à 2,3 millions, un niveau jamais atteint.
L’accès humanitaire reste entravé dans de nombreuses zones touchées par les violences, privant les communautés les plus vulnérables d’une aide vitale pendant la période de soudure. Néanmoins, quelques régions épargnées par le conflit montrent des signes d’amélioration.
« Le passage de la phase 4 à la phase 3 de l’IPC dans dix comtés témoigne clairement des dividendes de la paix », a déclaré Meshack Malo, Représentant de la FAO, soulignant que « le Soudan du Sud ne peut pas se permettre de sombrer dans un conflit à ce stade ».
Selon lui, une reprise des hostilités empêcherait les agriculteurs de cultiver leurs terres, avec pour conséquence une « famine généralisée » difficile à enrayer.
ODL/te/Sf/APA