À Sfax, dans l’est de la Tunisie, des centaines de migrants subsahariens continuent de s’installer dans des campements de fortune, malgré les démantèlements menés par les autorités. Chassés d’un site, ils réapparaissent ailleurs, illustrant l’impasse d’une stratégie sécuritaire face à une crise migratoire durable, entre pressions locales et absence de solutions structurelles.
Plusieurs centaines de migrants subsahariens continuent de s’installer dans des campements de fortune à Sfax, dans l’est duke la Tunisie, malgré les démantèlements successifs opérés par les autorités début avril.
La gestion des flux migratoires à Sfax illustre la complexité des équilibres entre contrôle des frontières, tensions locales et absence de solutions durables.
Chassés de leurs abris, de nombreux exilés se sont repliés dans les oliveraies voisines, où ils tentent de reconstruire des abris précaires.
Dans le campement du kilomètre 22 à El Hamra, des tentes de fortune côtoient quelques structures renforcées par du bois ou des bâches.
Nadine, Camerounaise de 32 ans, raconte avoir dû fuir son précédent campement détruit par les forces de l’ordre.
« Je dors sous les zitouns, ce n’est pas facile. On vient, on casse, on nous renvoie, on nous jette, on nous tabasse », confie-t-elle.
À proximité, Doukouré Souleymane, 23 ans, originaire de Côte d’Ivoire, s’est installé avec quinze autres personnes sous un abri sommaire après la destruction du campement du kilomètre 24.
« Ils nous ont donné soixante-douze heures. Puis ils sont revenus, ils ont commencé à brûler nos trucs », explique-t-il, déterminé toutefois à poursuivre son projet de traversée vers l’Italie.
Les autorités tunisiennes justifient ces opérations par la nécessité de maintenir l’ordre public et d’éviter les tensions avec la population locale. Toutefois, cette stratégie semble atteindre ses limites : malgré les évacuations, les campements se reforment rapidement à proximité.
Selon les estimations officielles, environ 20 000 migrants en situation irrégulière vivraient actuellement dans ces conditions dans le pays.
SL/ac/Sf/APA