À l’approche de la fête de l’Aïd-el-Kébir, des heurts ont éclaté autour du marché de Serrekunda entre commerçants installés et marchands ambulants, sur fond de concurrence jugée déloyale et d’occupation contestée de l’espace public.
Un climat de tension persistant règne dans le principal centre commercial de la Gambie, où des affrontements ont éclaté la semaine dernière entre commerçants installés et vendeurs ambulants aux abords du marché de Serrekunda.
Les deux camps s’accusent mutuellement d’occupation illégale de l’espace public, une situation qui a conduit les autorités municipales à intervenir. Le marché de Serrekunda, le plus grand du pays, fait régulièrement face à une pénurie d’espace, notamment à l’approche de la fête musulmane de l’Aïd-el-Kébir (Tobaski), période de forte affluence commerciale.
Les rues environnantes sont désormais impraticables pour les véhicules et autres usagers, en raison de l’installation massive de vendeurs sur la chaussée, venus écouler leurs marchandises en profitant de l’effervescence du commerce saisonnier, localement appelé « wanteer » en wolof.
Ce désordre ambiant, considéré comme une routine annuelle, ne passe cependant pas cette année auprès des commerçants titulaires de boutiques ou de stands. Ces derniers, pour la plupart gambiens, expriment leur exaspération face à la concurrence des marchands ambulants, souvent d’origine étrangère – notamment guinéenne et sénégalaise – qu’ils accusent de détourner leur clientèle.
Ils dénoncent également une concurrence déloyale de la part de ces vendeurs de chaussures, téléphones d’occasion ou vêtements, qui opèreraient en dehors des règles fiscales et appellent les autorités municipales à faire respecter l’ordre et la réglementation.
De leur côté, les vendeurs ambulants rejettent les accusations et affirment être en règle avec la mairie, avoir payé les taxes nécessaires et disposer d’autorisations pour occuper les lieux.
Dans ce climat tendu, des altercations ont éclaté entre les deux groupes et des heurts ont été signalés avec les forces de l’ordre dépêchées sur place pour rétablir le calme.
Face à l’escalade, le maire élu de la municipalité de Kanifing, Talib Ahmed Bensouda, est intervenu publiquement à l’aide d’un haut-parleur pour déplorer les violences et appeler au dialogue. Après plusieurs réunions avec le comité de gestion des commerçants du marché, il a annoncé la suspension temporaire des activités liées au « wanteer » et a invité les parties prenantes à une rencontre dans son bureau en vue d’une solution pacifique.
« Le problème aurait pu être réglé bien avant les affrontements si mon bureau en avait été informé à temps », a-t-il regretté.
M. Bensouda a tenu à rappeler que l’occupation des voies publiques par les vendeurs ambulants n’est pas un droit mais une tolérance provisoire qui ne doit pas être abusée.
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