En République démocratique du Congo (RDC), près de 10 000 personnes ont été déplacées par les inondations qui ont récemment frappé la province du Tanganyika, une région déjà fortement touchée par les violences et les déplacements internes.
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) alerte sur une double crise humanitaire dans ce pays d’Afrique centrale, rendue plus critique par un manque alarmant de financement. En effet, des pluies torrentielles ont provoqué de graves inondations dans la province du Tanganyika, en République démocratique du Congo (RDC), forçant près de 10.000 personnes à fuir leurs habitations, a alerté mardi l’agence onusienne.
La rivière Rugumba est sortie de son lit, inondant plusieurs zones des territoires de Kalemie et de Nyunzu. Les inondations ont détruit des habitations, des écoles et des terres agricoles, laissant des milliers de personnes sans abri ni moyens de subsistance. Les cultures de manioc, de maïs et d’arachides ont été emportées, exacerbant une insécurité alimentaire déjà préoccupante dans la région.
Le HCR redoute également une recrudescence de maladies liées aux eaux stagnantes. Dans le Tanganyika, les cas de choléra signalés sont six fois supérieurs à ceux enregistrés à la même période l’an dernier, a précisé la porte-parole du HCR, Eujin Byun, lors d’un point de presse à Genève.
« Cette nouvelle situation d’urgence met en exergue la double crise à laquelle la RDC est confrontée, où les chocs météorologiques extrêmes tels que les inondations viennent s’ajouter aux souffrances causées par le conflit en cours et les déplacements massifs de population », a-t-elle déclaré.
Depuis le début de l’année, environ 50.000 personnes fuyant les violences dans le Sud-Kivu ont trouvé refuge dans le Tanganyika. Beaucoup se sont installées dans des maisons, des églises et des écoles, aujourd’hui endommagées ou détruites par les inondations.
Selon des estimations récentes, plus de 2,3 millions de personnes vivant dans quatre provinces en proie à des conflits armés — le Sud-Kivu, le Nord-Kivu, l’Ituri et le Tanganyika — risquent de sombrer dans une famine sévère dans les mois à venir si aucune réponse rapide n’est apportée.
Malgré les efforts déployés par les agences humanitaires pour fournir abris, nourriture, eau potable et soins de santé, ces interventions restent largement insuffisantes en raison d’un déficit de financement. À ce jour, le HCR n’a reçu que 20 % des fonds nécessaires pour ses opérations en RDC.
En parallèle, des réfugiés congolais ayant fui vers le Burundi sont récemment rentrés en RDC, malgré les risques persistants liés aux conflits et à l’insécurité. Ils évoquent des conditions de vie très difficiles dans les pays d’accueil, notamment un accès limité à l’alimentation, aux abris et aux services de base.
D’autres continuent cependant de franchir les frontières pour se réfugier dans les pays voisins. Le HCR indique que près de 120.000 réfugiés congolais sont actuellement accueillis au Burundi, en Tanzanie et en Ouganda. Ce dernier a enregistré plus de 5500 nouvelles arrivées rien que la semaine dernière.
« Cela souligne la nécessité urgente d’accroître le soutien aux pays d’accueil ainsi qu’aux zones de retour afin de relever les défis auxquels sont confrontés les personnes rapatriées et les réfugiés dans les pays voisins », a indiqué la porte-parole, précisant que le HCR n’a jusqu’à présent reçu que 20% des fonds nécessaires pour mener à bien son action en RDC.
ODL/ac/Sf/APA