La Banque mondiale a dénoncé la lenteur du programme de transferts monétaires conditionnels lancé par le Nigéria après la suppression des subventions sur les carburants, notant que seuls 37 % des foyers ciblés ont reçu une aide depuis 2023, malgré un prêt de 800 millions de dollars pour soutenir cette initiative.
Le programme de transferts monétaires conditionnels mis en place par le gouvernement nigérian après la suppression des subventions sur les carburants n’a atteint qu’une minorité des foyers ciblés, déplore la Banque mondiale dans son dernier rapport sur le développement du Nigeria.
Intitulé « Bâtir l’élan pour une croissance inclusive », ce rapport révèle que seulement 37 % des ménages ciblés ont reçu une aide depuis le lancement du programme en 2023, soit 5,6 millions de ménages sur les 15 millions prévus.
La Banque mondiale, qui avait approuvé un prêt de 800 millions de dollars pour soutenir cette initiative, souligne que la lenteur du déploiement et les difficultés d’identification numérique des bénéficiaires ont fortement limité la portée du programme.
Le rapport met en lumière une aggravation de la pauvreté au Nigéria, exacerbée par une inflation persistante et une croissance économique atone. Depuis 2019, 40 millions de Nigérians supplémentaires sont tombés dans la pauvreté, portant le taux de pauvreté à 46 % de la population en 2024.
« Les revenus du travail n’ont pas suivi le rythme de l’inflation, ce qui a réduit le pouvoir d’achat des ménages et approfondi la précarité, notamment en milieu urbain », indique le rapport.
Face à cette situation, le gouvernement fédéral avait lancé un programme temporaire d’aide financière pour les foyers vulnérables. Toutefois, la Banque mondiale estime que ces efforts sont insuffisants et appelle à intensifier et élargir les interventions d’urgence.
Elle recommande notamment une accélération du processus de distribution, une amélioration du cadre de protection sociale, ainsi qu’une réaffectation partielle des recettes publiques issues des récentes réformes macroéconomiques vers des programmes sociaux ciblés.
« Le système de protection sociale doit être renforcé de manière structurelle afin de favoriser l’inclusion économique, de renforcer la résilience des ménages et de briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté », souligne l’institution financière.
La Banque mondiale plaide également pour la mise en place de registres sociaux à jour appuyés sur des identités numériques vérifiées, afin de mieux cibler les populations pauvres et vulnérables.
Enfin, le rapport insiste sur la nécessité d’investissements plus importants et plus efficaces dans les services publics essentiels, notamment la santé, l’éducation et les infrastructures, pour soutenir une croissance inclusive et durable.
GIK/lb/ac/Sf/APA