À travers une pétition devant la Cour africaine des droits de l’homme, les organisations de la société civile entendent forcer un sursaut juridique et politique : obtenir que les États africains, mais aussi les principaux responsables mondiaux du réchauffement climatique, assument leurs obligations envers les millions de victimes d’une catastrophe qu’elles n’ont pas provoquée.
La société civile africaine a saisi la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour réclamer justice face à l’urgence climatique, a appris APA lundi. Portée par une coalition d’ONG, d’avocats et de militants sous la bannière de la « Plateforme africaine pour le climat (ACP) », cette action inédite vise à faire reconnaître les obligations des États dans la protection des droits humains menacés par le dérèglement du climat.
Alors qu’elle contribue à moins de « 4 % des émissions mondiales », l’Afrique subit des conséquences disproportionnées : sécheresses destructrices, inondations meurtrières, effondrement des récoltes et déplacements forcés.
« Nos communautés paient le prix d’une crise qu’elles n’ont pas provoquée », dénonce Alfred Brownell, porte-parole de l’ACP.
La pétition s’appuie sur le droit continental pour exiger des mesures concrètes : protection des écosystèmes, indemnisation des pertes subies par les populations vulnérables, et responsabilisation des multinationales accusées d’exploiter les ressources naturelles sans contrepartie.
Du Maroc à la RDC, les témoignages illustrent l’ampleur de la catastrophe. En Afrique du Nord, Ahmad Abdallah alerte sur les « manifestations de la soif » liées à la raréfaction de l’eau.
En République démocratique du Congo, Dorcas Sikujua Faida décrit une « triple crise » où inondations et conflits s’enchevêtrent.
« Les femmes et les peuples autochtones, gardiens traditionnels de la terre, sont en première ligne », souligne Agnes Kabujuni, du Minority Rights Group.
La Cour africaine devra désormais trancher. Son avis pourrait imposer aux États de renforcer leurs lois environnementales et d’adopter des politiques climatiques plus ambitieuses.
« C’est un test pour la justice internationale », estime June Cynthia Okelo, de la Pan African Lawyers Union.
ARD/ac/Sf/APA