Avec le soutien de la FAO, le Zimbabwe adopte une approche holistique face à la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens (RAM).
La résistance aux antimicrobiens (RAM) est un problème bien plus vaste qu’une simple question médicale : il s’agit d’un défi sociétal global nécessitant une mobilisation collective, des efforts de sensibilisation et des partenariats innovants, notamment celui initié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Le gouvernement zimbabwéen insiste en effet sur l’importance d’une réponse cohérente et multisectorielle pour répondre à ce défi complexe.
Lors d’une réunion de haut niveau organisée par la FAO à la Foire internationale du Zimbabwe (ZITF), des représentants du gouvernement et du secteur privé ont souligné que la RAM ne se limite pas à un problème médical, mais représente une menace plus large, touchant les aspects sociaux, économiques, agricoles et environnementaux.
Les experts ont convenu que bien que la RAM soit une problématique mondiale, sa résolution passe nécessairement par une collaboration locale et intersectorielle.
« La RAM n’est pas un phénomène que nous avons créé volontairement », a souligné Sleiman Timios Kwidini, vice-ministre de la Santé. Ajoutant : « mais nous contribuons à sa propagation à travers nos actions. »
Il a attiré l’attention sur des pratiques préoccupantes comme l’utilisation excessive de médicaments, l’automédication et la réduction des traitements médicaux, qui favorisent le développement de la résistance microbienne.
Les partenariats sont apparus comme un point central de la discussion. La lutte contre la RAM nécessite une coordination entre les institutions gouvernementales, les milieux académiques, les communautés, le secteur privé, les professionnels de santé et les organisations internationales.
La FAO a été particulièrement saluée pour son rôle crucial dans la promotion de pratiques agricoles qui limitent la résistance antimicrobienne.
Le rôle du secteur privé a également été souligné comme étant fondamental. Le Dr Munyaradzi Dzvene a précisé que les partenariats public-privé peuvent être déterminants dans le financement de la recherche et du développement de nouvelles solutions pour combattre les microbes résistants. « Le secteur privé a la capacité de soutenir financièrement la recherche et l’innovation, permettant ainsi de découvrir de nouveaux traitements pour lutter contre la RAM », a-t-il ajouté.
Le gouvernement a un rôle clé à jouer dans la mise en place de politiques et de cadres réglementaires, la coordination des efforts, l’éducation et le renforcement des systèmes de santé. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de passer de la théorie à l’action concrète. « Il est essentiel de rencontrer directement les populations », a souligné le vice-ministre de la Santé, appelant à un engagement direct avec les communautés.
La sensibilisation du public a été identifiée comme une stratégie essentielle. Les participants ont mis en avant la nécessité d’une éducation ciblée sur la RAM, en s’appuyant sur les agents de santé communautaires, les plateformes numériques, les écoles et les centres de santé pour diffuser des informations fiables. « L’information est un pouvoir, et dans ce cas, elle sauve des vies », a déclaré Tendai Munyokoveri, Représentant adjoint de la FAO pour les programmes.
Les secteurs pharmaceutique et agricole ont été invités à adopter des pratiques plus responsables, notamment en réduisant l’utilisation inutile d’antimicrobiens dans l’élevage, en améliorant la biosécurité et en garantissant un approvisionnement alimentaire responsable. Le Dr Zivanai Makoni, représentant de l’Autorité de régulation des médicaments du Zimbabwe, a alerté sur les dangers des produits contrefaits, qui contribuent à la résistance antimicrobienne.
Les organisations internationales telles que la FAO et l’OMS ont été saluées pour leur soutien à l’élaboration de plans d’action nationaux et leur assistance technique. « Ces organisations aident le Zimbabwe à développer des stratégies globales pour lutter contre la RAM dans les domaines de la santé humaine, animale et environnementale », a précisé Joshua Mbanga, universitaire.
Les professionnels de santé, tant publics que privés, ont été encouragés à collaborer davantage pour optimiser la gestion des traitements, en insistant sur des diagnostics précis, de bonnes pratiques de prescription et le respect total des traitements.
Lors de la réunion, l’engagement du Zimbabwe envers l’approche « Une seule santé », qui reconnaît l’interdépendance de la santé humaine, animale et environnementale, a été mis en avant. Cette approche exige une coopération renforcée entre les services vétérinaires, les agences environnementales et les ministères de la Santé et de l’Agriculture.
Les défis ont été abordés de manière transparente, notamment le manque de financement, les infrastructures insuffisantes et la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux. Cependant, le ton est resté optimiste, avec un appel à la responsabilité collective et à l’action collaborative. « Si nous unissons nos voix autour d’un même message, nos efforts avanceront plus rapidement », a conclu Owen Nyamwanza, spécialiste des masculinités et du genre.
Alors que le Zimbabwe continue de mettre en place sa stratégie nationale contre la résistance aux antimicrobiens, le message est clair : le succès de cette lutte dépendra d’une coopération inédite entre le gouvernement, le secteur privé, les organisations internationales, les professionnels de la santé et les communautés locales.
La lutte contre la résistance aux antimicrobiens n’est pas seulement un défi médical, mais un combat sociétal mondial qui exige un engagement, une sensibilisation accrue et des partenariats novateurs. Grâce à une action coordonnée et à des efforts collectifs, le Zimbabwe s’engage à réduire la menace de la RAM et à protéger la santé publique, en adoptant une approche intégrée à l’échelle nationale.
TE/Sf/APA