L’Assemblée des représentants du peuple tunisien a entamé l’examen de deux propositions de loi visant à amender la loi organique n°35 de 2016 encadrant le statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT), suscitant de vives interrogations quant à l’avenir de son indépendance.
Pour la réforme de la Banque centrale de Tunisie ( BCT), réunis le 10 avril 2025, les membres de la Commission des finances et du budget ont appelé à la fusion des textes, en insistant sur la nécessité d’un débat élargi.
La première initiative prévoit que la BCT puisse financer directement le Trésor public dans un cadre encadré, alors que la seconde propose une refonte plus large avec la modification de 11 articles et l’introduction de dispositions transitoires.
Les porteurs du projet plaident pour une réforme visant à relancer l’investissement et soutenir l’économie, dans un contexte marqué par des besoins budgétaires croissants.
Ce débat ravive les tensions autour du rôle de la banque centrale. Longtemps considérée comme garante de la stabilité monétaire, l’institution pourrait voir son autonomie remise en cause si elle devait répondre à des impératifs budgétaires.
Une telle orientation pourrait réduire son aptitude à mener une politique monétaire indépendante et rigoureuse.
Dans cette perspective, certains soulignent les bénéfices potentiels d’un financement direct du budget par la BCT : mobilisation rapide des ressources, soutien à des projets d’investissement prioritaires, réduction de la dépendance aux marchés internationaux et aux conditions du FMI.
Toutefois, ces avantages restent étroitement liés à une gouvernance rigoureuse et à la maîtrise des risques inflationnistes.
Le projet s’inscrit ainsi à la croisée des chemins entre relance économique et prudence monétaire.
SL/te/Sf/APA