L’ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a déclaré mardi que le mandat d’arrêt lancé contre lui par la justice ivoirienne est « politique, injuste et infondé », le considérant comme « une trahison », dans un message de nouvel an sur Facebook.
« Ce mandat d’arrêt lancé contre moi est politique, injuste et infondé. Je le considère comme une trahison, tout comme ces trois engagements pris avec moi en 2006 en présence d’un ancien chef d’Etat et par la suite renouvelé devant un grand guide religieux ivoirien et qui n’ont pas été respectés», a dit M. Guillaume Soro sans préciser l’identité de cet ancien chef d’Etat et de ce guide religieux.
En 2006, Guillaume Soro, qui était à la tête de l’ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN), était très proche de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, qui grâce à son implication dans la crise en Côte d’Ivoire, a favorisé l’Accord politique de Ouagadougou. Cet accord a permis à la Côte d’Ivoire de sortir de la crise par l’élection présidentielle de 2010.
L’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, est en conflit avec son mentor Alassane Ouattara depuis 2017. Et ce, parce des promesses cachées de passation du flambeau à la magistrature suprême semblent ne plus être réalistes.
Vu cette situation, M. Guillaume Soro a décidé tout seul et sans un parrainage politique de conquérir le pouvoir d’Etat. En octobre dernier, il a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle ivoirienne de 2020.
Alors qu’il revenait en Côte d’Ivoire le 23 décembre 2019 pour la pré-campagne, un mandat d’arrêt a été décerné contre lui pour complot contre l’autorité de l’Etat. En outre, une quinzaine de personnes dont des députés a été arrêtée.
Au nombre des personnes mises aux arrêts, figurent cinq députés : Alain Lobognon, Soro Kanigui Mamadou, Yao Soumaïla, Camara Loukimane, Soumahoro Kando. Ils ont été inculpés et mis sous mandat de dépôt pour trouble à l’ordre public, diffusion de nouvelle fausse et atteinte à l’autorité de l’Etat.
« Belle ironie de l’histoire, M. Ouattara, lui-même qui a été victime en 2000 de bannissement de sa candidature se trouve aujourd’hui dans le rôle et la posture de celui qui veut bannir », a déploré M. Soro qui, à l’entendre, laisse ne pas croire cela.
« Ivoiriens, peuple de Côte d’Ivoire, c’est à vous qu’il appartient de juger les mérites des uns et des autres », a-t-il lancé, avant d’ajouter « hier, je me suis engagé dans des causes que je croyais justes et salvatrices pour mes frères et sœurs, uniquement guidé par l’idéal de liberté et de justice ».
M. Soro qui était à la tête d‘une rébellion en 2002 qui a divisé la Côte d’Ivoire en deux avec le Nord sous contrôle de ses hommes et un Sud gouvernemental, a dit qu’il se «confesse humblement», estimant avoir «pu commettre des erreurs, voir des fautes ».
« Chaque pas, je vous l’assure que j’ai posé, n’a été dans l’unique but de servir mon pays, je me tiens aujourd’hui devant vous avec humilité pour réaffirmer ma détermination à défendre de toutes mes forces et au prix de tous les sacrifices les valeurs qui fondent notre Nation », a-t-il poursuivi.
L’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, a fait son adresse à ses concitoyens à 20 GMT (heure d’Abidjan) depuis l’Europe où il se trouve, au même moment où le chef de l’Etat Alassane Ouattara s’adressait à la Nation pour son discours du nouvel an.
AP/ls/APA