L’approche du double scrutin législatif et municipal du 9 février prochain, sur fond de crise séparatiste anglophone, préoccupe les journaux camerounais parus lundi tout autant que la recrudescence de la violence dans les écoles du pays.
La dernière ligne droit du double scrutin est engagée, annonce le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, avec entre autres l’acheminement du matériel électoral, les procédures d’accréditation des observateurs, l’affinement des stratégies avant le début officiel de la campagne samedi prochain.
S’il faut considérer que la grande attente des Camerounais, au lendemain de ces consultations, reste la mise en œuvre du processus de décentralisation, Mutations voit comme un jeu de dupes dans la démarche du gouvernement : malgré le nouveau Code général des collectivités territoriales décentralisées, les autorités administratives que sont les gouverneurs de région et les préfets continuent de disposer de pouvoirs immenses qui, utilisés abusivement, peuvent entraver sérieusement l’action des régions et des communes.
Si Eden met en garde contre une campagne électorale passionnée, Intégration, lui, dénonce ce qu’elle qualifie d’«équilibre de la terreur électorale», dans les zones anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où les séparatistes, tout comme le pouvoir de Yaoundé, fourbissent leurs armes. «Le retour de la paix dans les régions anglophones et la mise en œuvre des réformes liées à la décentralisation sont la ‘’grande affaire’’ du restant du septennat des grandes opportunités» du président Paul Biya, déclare, dans les colonnes de Mutations, Jean Simon Ongola Omgba, député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).
Avant toute chose, prévient News Watch, Paul Biya doit faire cesser «le génocide» perpétré par son armée dans la partie anglophone du pays. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ont besoin d’une décentralisation authentique, et non symbolique, souligne, chez The Sun, le secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, Tibor Nagy. C’est comme si les dignitaires du régime ne constataient pas que, chaque jour qui passe et du fait de leurs actions négatives, un plus de Camerounais de ces zones se radicalisent en faveur d’un État indépendant, se désole le même diplomate dans The Voice.
La «couteauculture» fait recette, soupire L’Essentiel, faisant un parallèle entre les batailles féroces dans la sphère politique et la barbarie qui s’est emparée des jeunes élèves : «Çà et là monte de la salle un sanglot ou une clameur d’émotion. Certains se couvrent le visage pour ne pas voir, ni se voir, d’autres préfèrent se défausser sur autrui. La modernité démocratique, dans sa version des grandes opportunités semblent ainsi s’allier l’effusion de sang comme symbole du temps, pour tant, et tant s’en faut. C’est le nouvel alphabet des temps androïdes, nous dit-on, dans un sursaut d’hommage du vice à la vertu.»
Et, pendant que La Voix du Centre appelle à une discipline plus sévère afin d’endiguer les violences en milieu scolaire, The Median envoie une lettre ouverte à la ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga, accusée d’être davantage sur le terrain du folklore que de la réinstauration des codes moraux en milieu éducatif.
Face à la nouvelle vague de criminalité dans les écoles, The Star annonce que des mesures draconiennes viennent d’être prises à l’endroit des apprenants : téléphones interdits, à détruire sur place en cas de découverte, fouilles au corps obligatoires afin d’éviter l’intrusion des armes blanches dans les classes. «Malgré les multiples stratégies mises en place par les responsables des établissements scolaires et les ministères en charge de l’encadrement des jeunes, les violences ont atteint la cote d’alerte dans ces lieux censés être des temples du savoir. Comment en est-on arrivé là ? Comment en sortir ?», se demande Cameroon Tribune.
Pressant la communauté éducative d’agir, L’Essentiel revient à la charge, déplorant la démission collective des parents, des enseignants et des chefs d’établissements scolaires. Le terme «démission collective» revient également dans les colonnes de Mutations, la décrivant comme «une politique commune de l’autruche, une hypocrisie d’ensemble, une défaite groupée de la pensée au sein d’un pays qui caresse pourtant le rêve d’être émergent dans 15 ans, mais qui laisse la formation et la réussite de sa ressource humaine, principal ferment pour franchir le cap, à la merci du hasard, à l’enivrement technologique du moment, à l’ensauvagement porté par un certain ordre spirituel et moral».
Il y a eu beaucoup trop de violences, de larmes et de souffrances, semble répondre en écho l’éditorialiste de Cameroon Tribune, profitant de l’organisation, par le pays, du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2020 et de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 de football, pour demander de redonner au peuple son rêve de vivre-ensemble, afin de l’aider à se réapproprier «l’esprit Lions indomptables», quintuples champions continentaux de la discipline.
Las ! Cet appel au sursaut patriotique risque, pour le moment, de ne pas passer auprès du public, et principalement de la corporation des avocats qui, selon Le Jour, exigent la lumière sur le décès, le 16 janvier au Centre des urgences de Yaoundé (Cury), la capitale, de leur collègue Sylvain Souop à la suite d’une anesthésie qui a mal tourné. Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a également instruit une enquête administrative afin que toute la lumière soit faite sur cette disparition intervenue alors que le non moins conseil du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), précise Mutations, devait passer au bloc opératoire pour un bras cassé consécutif à un accident de la circulation.
FCEB/te/APA