Dans le passage du Franc CFA à l’ECO, le maintien de la parité fixe avec l’Euro est une « passoire » pour les transferts illimités des capitaux, signale l’éminent économiste ivoirien Daniel Anipko. Cet article à été initialement publié le 25 décembre 2019.
« La monnaie ECO est une mauvaise monnaie, une monnaie de suicide économique et social des populations», a lancé Daniel Anipko, mardi, dans un entretien avec des médias ivoiriens, à Abidjan.
M. Anipko craint notamment « la dangerosité du couple parité fixe et transferts illimités des capitaux associé à la politique prudentielle de crédit qui sème la pénurie monétaire et l’asphyxie financière des PME».
Selon lui, les mécanismes qui sont restés en place rémunèrent confortablement la France pour sa «garantie fictive » de l’ECO, car le Franc français, autrefois, ni l’Euro aujourd’hui «n’ont jamais protégé la stabilité du F CFA ».
En 94, la dévaluation du F CFA est survenue parce que la France n’a pas pu garantir cette monnaie, a-t-il rappelé, avant de s’interroger : « combien la garantie du Franc CFA a-t-elle coûté, en soixante années à la France ? Et combien s’évaluent les transferts massifs illimités qu’elle a engrangés ? ».
M. Anipko, ancien ministre ivoirien du Commerce et de l’industrie, a fait savoir que le changement de nom, du Franc CFA en ECO et ses modifications sont « insignifiants comparés à l’épine dorsale de l’ancien franc CFA qui est resté intacte ».
« Ce nouveau Franc CFA bis, continuera de maintenir la limitation des crédits aux PME et à l’économie nationale, à 25% des crédits bancaires et hérite donc de la vielle politique prudentielle de crédits des accords du Franc CFA, à l’origine de la pénurie monétaire », a-t-il martelé.
En conséquence, l’ECO maintiendra les pays de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) dans « le cercle vicieux du sous-développement, de la faiblesse de production de la richesse, de la faiblesse de l’épargne, de la faiblesse de l’investissement », a-t-il poursuivi.
En outre, la délocalisation du compte d’opération et le retrait des représentants du Trésor français des Conseils d’administration des banques centrales sont certes des modifications, mais elle « n’équivalent en rien », a fait observer l’économiste ivoirien.
La réforme du Franc CFA ayant donné naissance à l’ECO s’est traduite, le 21 décembre 2019 à Abidjan, par la signature d’un nouvel accord de coopération monétaire entre le président du Conseil des ministres de l’Uemoa et le ministre français de l’Économie et des finances.
L’économiste Daniel Anipko est l’auteur du livre « La Méga-économie » qui lui a valu d’être classé au Palmarès des 2 000 éminents intellectuels du 21è siècle par The international biographical center de Cambridge, en Grande-Bretagne. Il est l’inventeur du modèle économique « La Méga Économie ».
AP/ls/APA