L’agence américaine Moody’s a confirmé les notes d’émetteur à long terme et de dette senior non garantie du Maroc à Baa1, selon le dernier rapport publié vendredi. Les perspectives pour le pays demeurent stables.
Malgré les pressions sur les dépenses liées aux réformes de la sécurité sociale et aux projets d’infrastructure, Moody’s anticipe que le gouvernement maintiendra un fardeau de la dette stable. Les plafonds nationaux du Maroc restent inchangés, avec un plafond en monnaie locale à Baa1, soit trois crans au-dessus de la note souveraine, et un plafond en devises étrangères à Baa2, reflétant des risques de transfert et de convertibilité modestes, en ligne avec le système de taux de change fixe du pays.
La gouvernance et le cadre institutionnel robustes du Maroc renforcent sa résilience, le pays ayant démontré une gestion de crise efficace lors de chocs extérieurs. La Banque centrale du Maroc, Bank Al-Maghrib, joue un rôle crucial en maintenant la stabilité des prix, renforçant ainsi la crédibilité de la politique monétaire et contribuant à la libéralisation du taux de change.
Les politiques budgétaires du Maroc cherchent à équilibrer discipline et pressions sociales, avec des réformes visant à améliorer la santé, l’éducation et la gouvernance du secteur public. Moody’s prévoit que la dette publique restera stable à environ 65 % du PIB, avec une augmentation des dépenses de santé et de sécurité sociale estimée à 2,3 % du PIB pour 2024.
Des partenariats public-privé sont envisagés pour atténuer les impacts budgétaires, incluant des projets d’infrastructure pour les grands événements et des investissements liés au climat. Le déficit primaire du Maroc devrait se stabiliser à environ 2 % du PIB, reflétant un contexte macroéconomique favorable malgré des pressions croissantes sur les dépenses.
Cependant, des défis persistent, notamment les faibles niveaux de revenus et les disparités socio-économiques, entravant la croissance durable et les opportunités de création d’emplois. En 2023, le revenu par habitant du Maroc s’élevait à 10 460 dollars en termes de PPA, bien en dessous de la médiane Ba1 de 27 316 dollars. Les taux élevés d’emploi informel et le chômage des jeunes, ainsi que la faible participation des femmes au marché du travail, restent préoccupants.
Malgré les réformes structurelles, les progrès pour relever ces défis sont lents. Le Maroc s’efforce de diversifier son économie et d’investir dans les énergies renouvelables. Les perspectives stables reflètent des risques équilibrés autour du scénario de référence, bien que des inquiétudes subsistent quant au rythme des réformes économiques et aux pressions sur les dépenses.
Des risques pourraient émerger d’une libéralisation économique limitée et d’oligopoles dominés par l’État, entravant une croissance inclusive. À l’inverse, des réformes réussies pourraient améliorer rapidement le crédit, renforçant la consolidation budgétaire et accélérant la croissance économique.
Les risques environnementaux, notamment la pénurie d’eau, et les défis sociaux, tels que les marchés du travail rigides et les opportunités d’emploi limitées, impactent également le profil de crédit du Maroc. La solidité de la gouvernance du gouvernement atténue ces risques, bien que les niveaux d’endettement élevés limitent la capacité financière à y faire face.
La réaffirmation des notes de Moody’s ne reflète aucun changement significatif. Les futures notes dépendront des réformes économiques visant à améliorer les niveaux de revenus et la création d’emplois, tandis qu’une augmentation du fardeau de la dette publique pourrait exercer une pression à la baisse sur le crédit. Les perspectives stables de Moody’s indiquent des attentes de poursuite des réformes économiques et sociales, renforçant la résilience de l’économie aux chocs économiques.
RT/te/APA