Ainsi qu’il ressort d’un rapport de l’ONU, plus de 200 victimes de violences sexuelles sont recensées entre avril 2023 et novembre 2024, liés du conflit au Soudan, avec une forte hausse des grossesses et naissances liées aux viols, a appris APA.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a dénoncé dans un nouveau rapport la recrudescence des violences sexuelles au Soudan, où la guerre civile entre paramilitaires et armée continue de ravager le pays. Le rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) révèle une augmentation préoccupante des violences sexuelles, avec environ 120 incidents documentés entre avril 2023 et novembre 2024, touchant au moins 203 victimes, dont 162 femmes et 36 filles.
« L’utilisation persistante de la violence sexuelle comme arme de guerre au Soudan est profondément choquante », a déclaré Volker Türk, le chef des droits humains de l’ONU, lors de la publication du rapport. « Les parties doivent prendre des mesures urgentes pour y mettre fin, afin que les auteurs soient tenus pour responsables et que les survivants obtiennent réparation », a-t-il ajouté.
Le rapport souligne que les violences sexuelles suivent l’évolution géographique du conflit, qui oppose les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) à l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane depuis avril 2023. Toutefois, de nombreux cas de violence sexuelle demeurent non signalés en raison de la stigmatisation des victimes, de la peur des représailles et de l’effondrement des institutions médicales et judiciaires.
Les signalements de grossesses et d’enfants nés à la suite de viols ont quintuplé par rapport à la période précédente. Ces grossesses surviennent souvent après des viols commis sur des femmes et des filles détenues dans des conditions proches de l’esclavage par les FSR et leurs milices affiliées dans la région du Darfour. Des prestataires de services ont signalé les difficultés des survivantes enceintes pour obtenir des avortements sécurisés et légaux, ou pour trouver des solutions d’adoption pour les enfants.
Les violences sexuelles, selon le rapport, sont particulièrement ciblées contre la « communauté masalit » dans l’État du Darfour occidental, souvent pour des motifs « ethniques ». Plus de la moitié des viols documentés ont été des viols collectifs, une tendance constante depuis avril 2023, révélant un usage coordonné de la violence sexuelle par les FSR et les milices arabes affiliées. En février 2024, cinq paramilitaires se sont relayés pour violer collectivement une femme au Darfour-Sud, en expliquant que l’ordre de leur passage était déterminé par leur rang, comme l’a témoigné une survivante.
Le rapport met également en lumière des exécutions sommaires motivées par des considérations ethniques, des attaques contre des zones densément peuplées, des camps de déplacés, des centres de santé, des marchés et des écoles. Au moins 12 journalistes ont été tués, dont deux en détention, et 31 ont été détenus arbitrairement, dont quatre femmes.
« Certains de ces actes peuvent être assimilés à des crimes de guerre », a estimé M. Türk. « Ils doivent faire l’objet d’une enquête rapide et indépendante, en vue de traduire les responsables en justice », a-t-il ajouté. En 2024, plus de 4 200 meurtres de civils ont été documentés dans le cadre du conflit, bien que le nombre total de victimes soit probablement beaucoup plus élevé, selon l’étude.
Pour limiter les abus, le chef des droits de l’homme de l’ONU a appelé la communauté internationale à étendre l’embargo sur les armes et à étendre la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), actuellement limitée à la région du Darfour, à l’ensemble du Soudan.
ODL/te/Sf/APA