Le procureur de la République ivoirienne, Oumar Braman Koné, s’est prononcé ce jeudi 13 février 2025, sur la condamnation à 10 ans de prison ferme de Damana Pickass et Justin Koua, deux pro-Gbagbo, inculpés pour des faits de « déstabilisation de la Côte d’Ivoire ».
Damana Pickass, le 2e vice-président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI (opposition), le parti de Laurent Gbagbo, et le secrétaire général adjoint chargé de la formation de cette formation politique, Justin Koua, ont été condamnés à 10 ans d’emprisonnement, sans mandat de dépôt.
Lors d’une conférence de presse après le procès, au tribunal d’Abidjan-Plateau, le Procureur Oumar Braman Koné a déclaré : « Je ne suis pas le bras séculier du pouvoir . Ajoutant que « ce sont des dossiers que j’ai pris en cours » au Parquet d’Abidjan.
Pour Oumar Braman Koné, « la qualité d’homme politique ne constitue pas une immunité ». Et, toutefois que « l’Etat de Côte d’Ivoire est menacé, je vais réagir avec rigueur et de façon efficace » pour dissuader d’éventuels actes de « déstabilisation de la Côte d’Ivoire ».
Le procureur a répondu que le verdict, rendu en cette année électorale, à neuf mois de la présidentielle ivoirienne, c’est « un hasard de calendrier », en profitant pour lancer « un signal fort » aux citoyens, parce que « la Côte d’Ivoire a besoin de la paix et il faut qu’on tourne ces pages sombres »
« Je voudrais dire aux uns et aux autres que mon parquet est prêt, physiquement et psychologiquement, à apporter la réponse judiciaire appropriée à toute personne, quelle que soit sa qualité d’homme politique ou agent d’exécution pour toute action subversive », a-t-il dit.
Concernant l’affaire Damana Adia alias Pickass, le procureur a soutenu qu’il a joué un rôle dans l’attaque du 2e bataillon projetable d’Abobo (Nord d’Abidjan), menée par des assaillants armés de kalachnikovs, dans la nuit du 20 au 21 avril 2021.
Les investigations menées à la suite de l’attaque ont abouti à l’interpellation de 33 personnes. Au terme de l’enquête, Damana Pickass et Ikpo Lagui, leader des jeunes du FPI d’alors, à Yopougon, ont été inculpés par le Tribunal criminel pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Damana Pickass, reconnu comme « le financier » de l’opération a été condamné à 10 ans de prison ferme, ainsi que Ikpo Lagui, impliqué dans les faits. Le procureur a cité M. Katinan Koné, un cadre du PPA-CI comme un financier, mais il n’y avait pas de preuve patente.
Impliqués dans les différents chefs d’accusation, les nommés Jean-Claude Egny alias « Chang » ou « Josué », qui a d’ailleurs rendu visite à Damana Pickass au Ghana, à l’époque, et Guillaume Zadi Madou, ont écopé de cinq ans de prison ferme.
M. Justin Koua a été condamné à 10 ans de prison ferme « pour attentat contre l’autorité de l’Etat, participation à une activité de mercenaires et association de malfaiteurs » dans l’affaire de désobéissance civile après le rejet de la candidature de Gbagbo lors de la présidentielle de 2020.
Selon le procureur, Justin Koua avait appelé à des manifestations intenses qui ont provoqué des troubles à l’ordre public. Le tribunal criminel a prononcé à son encontre l’interdiction de paraître pour cinq ans à l’exception de Korhogo, son lieu de travail et son lieu de naissance, Abidjan.
Par ailleurs, le tribunal a prononcé contre Damana Pickass l’interdiction de paraître sur toute l’étendue du territoire national pendant 10 ans, sauf sur son lieu de naissance, et déclaré une privation de droits civiques pour une durée de cinq ans.
Le dossier de « la désobéissance civile (lancée en 2020) n’est pas clos, on ne l’a pas abandonné. Le silence de la justice sur certains dossiers ne signifie pas abandon », a-t-il, souligné, faisant savoir qu’ « il s’agit de faits purement criminels qui sont loin d’être prescrits ».
AP/Sf/APA