A l’instar de la communauté internationale, le Mali commémore la Journée internationale des victimes de disparition forcée. Dans un contexte où le silence persiste en regard des engagements internationaux.
En termes d’actions concrètes, un point d’ombre persiste, dans la mesure où depuis sa ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées en 2009, le pays n’a soumis aucun rapport officiel concernant ces violations graves des droits humains. Cette absence de rapport intervient malgré des allégations de disparitions forcées qui continuent de hanter les familles et les défenseurs des droits de l’homme dans la région.
La Convention, signée par le Mali en février 2007 et ratifiée en juillet 2009, impose à chaque État membre de soumettre un rapport au Comité des Nations Unies sur les mesures prises pour mettre en œuvre ses obligations dans un délai de deux ans après l’entrée en vigueur du traité. Cependant, plus de quinze ans après cette ratification, le Mali n’a toujours pas rempli cette obligation.
Le Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré a profité de cette journée pour rappeler l’importance de cette responsabilité. Dans un message adressé à la nation, il a souligné que la non-soumission de ces rapports non seulement enfreint les engagements internationaux du Mali, mais également compromet les efforts pour garantir justice et transparence pour les victimes et leurs familles.
« La protection des Droits de l’Homme est une responsabilité partagée », a affirmé M. Bouaré, ajoutant : « Le Mali doit non seulement produire régulièrement des rapports sur les disparitions forcées, mais aussi faciliter les enquêtes et les poursuites nécessaires pour traduire les responsables en justice ».
La CNDH, en première ligne pour la défense des droits de l’homme au Mali, a formulé plusieurs recommandations au gouvernement. Parmi celles-ci, l’harmonisation du cadre juridique interne avec les normes internationales, la criminalisation et la pénalisation explicites de la disparition forcée dans le Code pénal, ainsi que la vulgarisation des textes légaux auprès des justiciables. La Commission insiste également sur la nécessité de renforcer la documentation et la formation des magistrats concernant ce crime odieux.
En dépit des promesses et des engagements pris par le gouvernement malien, l’absence de rapport sur les disparitions forcées alimente la méfiance parmi les citoyens avertis et les organisations de la société civile. Les familles des disparus continuent de vivre dans l’incertitude, sans réponse sur le sort de leurs proches.
La Journée internationale des victimes de disparition forcée, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2011, est un rappel des luttes inachevées pour la vérité et la justice. Pour le Mali, cette journée devrait également être l’occasion de renouveler ses engagements envers les droits de l’homme et de prendre des mesures concrètes pour répondre aux préoccupations légitimes soulevées par la CNDH.
L’inaction continue sur ce front pourrait non seulement ternir l’image du Mali à l’international, mais aussi renforcer le sentiment d’impunité qui règne dans le pays.
MD/Sf/te/APA