La Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM) devrait être mise en place le 1er janvier, après avoir été approuvée par un vote du Conseil de sécurité de l’Onu la semaine dernière. Un nouveau rôle face à l’évolution de la situation dans la Corne de l’Afrique.
L’AUSSOM remplace la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), marquant une nouvelle étape dans le transfert des responsabilités en matière de sécurité nationale aux forces de sécurité nationales somaliennes.
En substance, l’AUSSOM sera une nouvelle mission de maintien de la paix et de stabilisation qui se veut une mise à niveau des opérations précédentes, à savoir la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
La composition de l’AUSSOM reflète l’évolution de la situation géopolitique dans la Corne de l’Afrique, à mesure que la Somalie conclut de nouvelles alliances.
L’Ethiopie, qui a été un contributeur régulier de troupes à l’AMISOM depuis 2007, et à l’ATMIS ces dernières années, n’a pas été nommée parmi les quatre nations dont les troupes composeront l’AUSSOM. Les voisins est-africains de l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, Djibouti et l’Egypte, pays d’Afrique du Nord, sont les principaux contributeurs de troupes.
L’exclusion de l’Ethiopie de l’AUSSOM intervient dans un contexte de tensions avec la Somalie au sujet d’un accord controversé avec le Somaliland séparatiste qui donnerait à ce pays enclavé l’accès à un port de la mer Rouge. Le gouvernement de Mogadiscio considère cet accord comme une atteinte à sa souveraineté et a réagi en signant un pacte de défense avec l’Egypte plus tôt cette année, qui a vu le déploiement de troupes égyptiennes et l’envoi de matériel militaire en Somalie.
Bien qu’un accord ait été conclu à Ankara, en Turquie, sous l’égide du président Recip Tayep Erdogan pour mettre fin à la querelle, la Somalie a clairement fait savoir que les troupes éthiopiennes ne seraient pas autorisées à faire partie de la nouvelle AUSSOM qui commencera ses opérations en 2025.
Bien que les autorités de Mogadiscio n’aient pas ouvertement critiqué le rôle de maintien de la paix de l’Ethiopie en Somalie, elles ont fait des références énigmatiques à la présence de troupes éthiopiennes « compliquant » les opérations contre al-Shabaab.
Les responsables somaliens à l’Onu ont déclaré que la composition de l’AUSSOM découlait d’accords bilatéraux que la Somalie avait signés avec certains de ses voisins, dont l’Égypte, à l’exclusion de l’Ethiopie.
Selon le responsable anonyme, les pays contributeurs de troupes « ont fait preuve d’une solidarité remarquable, en s’engageant à maintenir notre force nécessaire de 11 000 soldats pour l’AUSSOM ».
La tâche de l’AUSSOM ne diffère pas radicalement de celle de ses prédécesseurs dans la mesure où sa principale mission est de traquer les militants d’al-Shabaab qui mènent une insurrection islamiste dans le pays depuis 2007. L’AUSSOM assurera la couverture sécuritaire du gouvernement fédéral somalien et dégradera al-Shabaab et ses affiliés à l’Etat islamique en Irak et au Levant (ISIL), également connu sous le nom de Da’esh.
Bien que les militants conservent encore une certaine capacité à frapper des cibles en Somalie, y compris des bombardements dans la capitale Mogadiscio, les précédentes missions de l’UA sous l’AMISOM et l’ATMIS ont progressé dans la dégradation de leur efficacité d’une force de plus de 18 000 combattants, selon une estimation de 2022. Bien que la régularité des bombardements d’Al-Shabaab à Mogadiscio et dans les environs ait diminué, le groupe a toujours la capacité d’infliger des dégâts auxquels les précédentes missions de maintien de la paix de l’UA ont dû faire face.
Le rôle de l’ATMIS était double : aider à neutraliser les poches d’Al-Shabaab, d’une part, et renforcer les capacités des forces de sécurité somaliennes affaiblies pour en faire des entités efficaces et fonctionnelles capables d’assumer une plus grande responsabilité dans la protection de la Somalie, d’autre part. Le rôle de l’AUSSOM est de renforcer cette transition progressive en transformant l’armée somalienne en une institution de sécurité à part entière tout en agissant comme un phare dans la guerre contre les militants.
Le vote du Conseil de sécurité de l’Onu de la semaine dernière a autorisé les États membres de l’Union africaine à continuer de déployer jusqu’à 12 626 personnels en uniforme, dont 1 040 policiers, à l’AUSSOM jusqu’au 30 juin 2025 et à achever à cette date le ré-alignement de toutes les troupes de l’Union africaine de l’ATMIS à l’AUSSOM.
L’envoyé de l’Ethiopie auprès de l’Onu a quant à lui mis en garde contre les graves conséquences sécuritaires de l’inclusion de nouveaux acteurs dans l’effort régional de stabilisation de la Somalie.
Tesfaye Yilma Sabo a déclaré au Conseil de sécurité de l’Onu que les opérations de maintien de la paix en Somalie avaient toujours été un fardeau partagé par les pays de la région, motivés par un désir collectif de paix et de stabilité régionale.
Tesfaye a déclaré que les nouveaux acteurs, notamment l’Egypte et l’Erythrée, sont « des acteurs extrarégionaux qui n’ont aucun rôle constructif dans la région et dans la lutte contre le terrorisme en Somalie et qu’il faudrait leur conseiller d’abandonner leur démarche imprudente ».
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