Le 28 juin 2024, le président de la Transition du Mali, le colonel Assimi Goita, a signé le décret N°2024-0384/PT-RM, instaurant une Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale. Annoncé publiquement le lundi 1er juillet lors de la grande édition de 20 heures de la télévision nationale, ce décret a suscité une vive polémique parmi les citoyens et les observateurs.
La Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale vise à redynamiser les efforts de paix dans un pays marqué par des années de conflit et d’instabilité. La commission de rédaction est dirigée par Ousmane Oussoufi Maiga, ancien Premier ministre et actuel président du Comité de pilotage du Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, avec Boubacar Sow en tant que rapporteur général et Abdoulaye Nantoume comme rapporteur général adjoint. Aux côtés de ces leaders, des experts issus de divers horizons, dont des universitaires, des militaires et des acteurs de la société civile, apportent leurs expertises.
La commission doit élaborer un avant-projet de charte qui servira de guide pour toutes les initiatives visant à renforcer la sécurité, la paix, la réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre-ensemble au Mali. Le président de la commission, avec ses rapporteurs, est chargé de coordonner les activités, d’organiser des consultations avec les forces vives de la nation et de produire des documents d’information et des notes techniques.
Pour garantir l’efficacité de ses travaux, la commission se réunit régulièrement et fait un point d’étape tous les quinze jours auprès du président de la Transition. À la fin de sa mission de deux mois, elle devra soumettre un rapport détaillé et l’avant-projet de la Charte. Pour cette tâche, les membres de la commission reçoivent des indemnités et des primes, avec les dépenses couvertes par le budget national.
Un Cadre déjà en place
Cependant, cette nouvelle initiative se heurte à une réalité, à savoir le fait que le Mali dispose déjà d’une Charte pour la paix et la réconciliation, adoptée en 2017 suite à la Conférence d’entente nationale. Ce document, toujours en vigueur, devait initialement structurer les efforts de paix et de réconciliation. L’introduction d’une nouvelle Charte sans une évaluation approfondie de l’ancienne soulève des questions sur la pertinence de la démarche.
La composition de la commission a également suscité des interrogations. Beaucoup de ses membres ont déjà participé à d’autres commissions dans le passé, comme Ousmane Oussoufi Maïga, qui a été impliqué dans le récent Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale. Cette répétition soulève des questions sur la capacité du pays à mobiliser de nouvelles compétences et à intégrer des perspectives innovantes. Pour certains, cette situation reflète une stagnation, tandis que d’autres y voient la continuité nécessaire d’une expertise éprouvée.
La création de cette nouvelle commission représente une étape supplémentaire dans la quête de la paix au Mali.
MD/te/Sf/APA