L’Organisation internationale du travail (OIT) et le Comité économique et social européen (CESE) ont organisé une conférence de haut niveau conjointe intitulée « Justice sociale à l’ère numérique : L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur le travail et la société ».
La conférence OIT/CESE autour de la justice sociale à l’ère du numérique a rassemblé plus de 300 experts, décideurs politiques, partenaires sociaux et représentants de la société civile pour discuter des moyens par lesquels l’IA pourrait contribuer à des marchés du travail inclusif, à un travail décent et à la justice sociale.
Lors de cette conférence, des dirigeants de renom, y compris plusieurs ministres du travail de l’UE, ont débattu des stratégies permettant d’exploiter le potentiel de l’IA tout en prenant en compte les risques pour les droits des travailleurs et les marchés du travail. Cette conférence représente une contribution significative à la Coalition mondiale pour la justice sociale, soulignant la nécessité d’une approche coordonnée pour gouverner l’IA à l’échelle européenne et mondiale. L’événement a été organisé par la section du CESE dédiée à l’emploi, aux affaires sociales et à la citoyenneté (SOC) et l’OIT.
Lors de l’ouverture de la conférence, le président du CESE, Oliver Röpke, a souligné l’urgence d’adopter une approche centrée sur l’humain vis-à-vis de l’IA, en déclarant que « l’intelligence artificielle est déjà en train de remodeler nos sociétés et nos marchés du travail, créant à la fois des opportunités et des défis. Le CESE et ses partenaires s’engagent à faire en sorte que l’IA devienne une force pour la justice sociale, renforçant les droits des travailleurs, favorisant l’inclusion et prévenant de nouvelles inégalités. Un avenir juste et humain pour l’IA exige une action collective, de la part des décideurs politiques, des partenaires sociaux et de la société civile, afin de garantir que la technologie serve les personnes et non le contraire. »
Le Directeur général de l’OIT, Gilbert F. Houngbo, a mis en avant l’importance de politiques proactives pour atténuer l’impact perturbateur de l’IA sur les emplois et les lieux de travail, soulignant que « nous devons façonner l’IA pour qu’elle favorise la justice sociale. Cela implique de soutenir les travailleurs, notamment par la formation et une protection sociale adéquate, de faciliter l’accès des entreprises de toutes tailles et de toutes régions à cette technologie pour en tirer les bénéfices en matière de productivité, tout en garantissant que son intégration sur le lieu de travail protège les droits des travailleurs et favorise le dialogue social dans cette transition numérique. »
Au cours des deux panels, des intervenants de haut niveau ont partagé leurs perspectives sur les défis et opportunités de l’IA pour promouvoir un travail décent, des marchés du travail inclusifs et l’égalité des genres à l’avenir.
Le premier panel, intitulé « Comment l’IA peut-elle être exploitée pour promouvoir un travail décent et une société juste dans l’UE et au-delà ? », a réuni plusieurs ministres du travail européens, notamment Agnieszka Dziemianowicz-Bąk (Pologne), Yolanda Díaz (Espagne) et Niki Kerameus (Grèce), ainsi que des représentants du Brésil, de l’Albanie et des partenaires sociaux. Les échanges ont porté sur les cadres politiques permettant à l’IA d’améliorer la qualité des emplois et la protection des travailleurs, tout en évitant d’aggraver les inégalités.
Les discussions ont souligné que, bien qu’il existe un risque lié au déploiement de l’IA, il n’est pas nécessaire de rejeter cette technologie. Il est essentiel, cependant, de privilégier le dialogue social, d’inclure les travailleurs dans le déploiement de l’IA, et de mettre l’accent sur les efforts de reconversion et de perfectionnement. Une régulation et une gestion appropriées de l’IA éviteront des bouleversements majeurs tout en permettant à la technologie de réduire les tâches répétitives sans entraîner de licenciements massifs.
Le deuxième panel, « Comment l’IA peut-elle promouvoir des marchés du travail inclusifs et l’égalité des genres ? », a réuni des représentants de la Commission européenne, du Parlement européen et des membres du CESE, aux côtés de la ministre portugaise du Travail, Maria do Rosário Palma Ramalho, de la déléguée française auprès de l’OIT et du G7-G20, Anousheh Karvar, pour explorer comment l’IA peut favoriser la diversité sur le lieu de travail. Les discussions ont porté sur les principaux résultats des avis récents du CESE, tels que l’IA pro-travailleurs : leviers pour exploiter son potentiel tout en atténuant ses risques, et l’IA pour les services publics, l’organisation du travail et des sociétés plus inclusives.
Les discussions ont également abordé l’élimination des biais algorithmiques et la manière dont les outils de recrutement et de gestion du lieu de travail basés sur l’IA peuvent contribuer à des marchés du travail plus équitables. La nécessité de maintenir une coopération internationale sur cette question, telle que le processus d’Hiroshima du G7, a également été soulignée.
La conférence s’est conclue par un appel fort à la coopération multilatérale. Le CESE et l’OIT ont réaffirmé leur engagement à collaborer avec les gouvernements, les entreprises, les syndicats et la société civile pour garantir que l’IA favorise la justice sociale. Les discussions ont rappelé que l’IA ne doit pas être une source de division ou d’exclusion, mais un moteur d’opportunités, d’innovation et d’équité dans le monde du travail.
Avec l’influence croissante de l’IA sur les marchés du travail, le CESE et l’OIT poursuivront leur collaboration au sein de la Coalition mondiale pour la justice sociale, veillant à ce que la gouvernance de l’IA demeure une priorité pour les décideurs politiques en Europe et au-delà.
GIK/lb/te/Sf/APA