Dans un entretien avec APA, le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Moussa Baldé, affirme que pour la campagne agricole 2020-2021, l’objectif c’est de produire quatre millions de tonnes de céréales.
Quelle a été la production agricole du Sénégal en 2019-2020 ?
Il faut rappeler que pour cette campagne agricole, notre programme était basé sur la sécurité alimentaire, donc la production de céréales. Ce programme avait un coût de 60 milliards F CFA, soit 20 milliards de plus que la campagne agricole précédente. Notre production de céréales pour cette campagne est 3,8 millions de tonnes, soit 38 % de plus que l’année d’avant, alors que l’objectif était de 3 millions de tonnes.
Au lieu de 1,4 million de tonnes qui étaient attendues, notre production arachidière est de 1,8 million de tonnes.
Les cultures industrielles (arachide, niébé et coton) ont progressé de 39 %. Globalement, nous avons connu cette année une campagne agricole avec des résultats inédits, malgré le contexte de pandémie.
Grâce à cette bonne production agricole, le Sénégal a évité la récession due à la pandémie et connaîtra une croissance de +1%.
Pour l’arachide, le prix moyen sur le marché est de 300 F CFA et le prix plancher est de 250 F CFA. Avec la commercialisation de l’arachide, le monde rural va engranger 210 milliards F CFA.
Tout cela a été rendu possible grâce aux intrants agricoles qui ont été disponibles à temps et à une bonne pluviométrie.
Pour la prochaine campagne agricole, quel est l’objectif ?
Au mois de mars, nous entamerons la nouvelle campagne agricole 2020-2021, mais celle-ci restera dans la dynamique de la campagne précédente. Car la pandémie est toujours là et est devenue plus sévère.
Plus que jamais, le Sénégal doit s’appuyer sur son agriculture pour résister et tenter tant bien que mal de relancer son économie. C’est pourquoi, pour cette campagne agricole, les résultats seront les mêmes.
Cette année, le Sénégal se projette sur une production céréalière d’au moins de 4 millions de tonnes. Pour l’arachide, nous pourrons viser les 2 millions de tonnes, tout en maintenant une bonne cadence de production pour l’horticulture, le niébé et la pastèque.
D’ailleurs, pour les semences, nous avons déjà un stock de 100.000 tonnes qui sont entre les mains de nos opérateurs.
Chaque année, il y a beaucoup de bruit sur la campagne de commercialisation de l’arachide. C’est quoi le problème ?
S’agissant des débats dans la commercialisation de l’arachide, il faut noter que cela implique presque tout le monde rural. Il y a beaucoup d’enjeux. Elle engendre l’essentiel des revenus monétaires dans le monde rural. Il y a du bruit car tous les acteurs n’ont pas les mêmes intérêts.
La directive du président Macky Sall pour cette année, c’est d’avoir une campagne de commercialisation qui protège le producteur, qui permet à l’huilier de collecter mais sans gêner l’exportation.
Lors de son discours du 31 décembre, il a donné des indications qui nous ont permis de stabiliser la campagne. Au début, nous avions bloqué les exportations pour reconstituer le capital semencier. Les producteurs ont cru qu’on voulait les empêcher de vendre aux Chinois qui achètent plus cher et les huiliers dénonçaient les Chinois qui mettent des prix qu’ils ne peuvent pas proposer aux producteurs.
Mais depuis ce discours du chef de l’Etat, plus personne ne crie. Chacun y trouve son compte. Aucun producteur ne peut dire qu’il n’arrive pas à vendre sa production au-delà du prix plancher fixé par l’Etat (250 F CFA). Les exportateurs opèrent sans difficultés depuis le 10 janvier 2021 et les huiliers ont collecté cette année cinq fois plus de graines que l’année dernière.
Les Chinois étant les principaux acheteurs, quelle est la quantité exportée vers ce pays ?
Actuellement, on est à peu près à 250.000 tonnes de graines coques exportées vers la Chine. Mais ça, c’est ce qui est déjà certifiée au Port Autonome de Dakar. Car, les exportateurs ont 116 points de collecte au niveau national. Et on estime qu’ils ont collecté en tout plus de 400.000 tonnes.
Ces exportations vers la Chine représentent un chiffre d’affaires de 70 milliards F CFA. Pour tous les opérateurs confondus (chinois et autres), la somme certifiée est 130 milliards F CFA, mais la réalité du terrain montre que les producteurs sénégalais ont empoché au moins 210 milliards F CFA.
L’autosuffisance en riz était fixée par le président Macky Sall en 2017. Mais jusque-là, ce n’est pas le cas. Comment expliquez-vous cela ?
Pour le riz, les gens nous disent que jusque-là, il n’y a pas d’autosuffisance. Mais ce qu’ils oublient, c’est qu’en 2012, nous avions trouvé une production rizicole variant entre 300 et 400 mille tonnes et nous l’avons amenée à 1,4 million de tonnes cette année. C’est déjà une performance remarquable qui a été obtenu grâce à la modernisation de l’agriculture et aux aménagements hydro-agricoles.
D’ici la fin du PAP2A qui est le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré du Plan Sénégal Émergent (PSE) prévu en 2023, nous pourrons dire que le Sénégal a atteint l’autosuffisance alimentaire en riz.
TE/id/APA