Après plus d’un an et demi de guerre civile, des agences humanitaires décrivent une situation alarmante pour plus de la moitié de la population soudanaise confrontée à une insécurité alimentaire aiguë.
Près de 26 millions de personnes, soit plus de la moitié des habitants du Soudan, sont en grande difficulté. La guerre civile, qui oppose depuis avril 2023 l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux forces paramilitaires de Mohamed Hamdane Daglo, a plongé ces personnes dans une « insécurité alimentaire aiguë », avec 8,5 millions d’entre elles en « situation d’urgence», a alerté l’Organisation des Nations Unies (ONU), citant le Forum de coordination humanitaire (HCF).
Composé d’agences onusiennes, d’Ong internationales, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) en tant qu’observateurs, le HCF a été créé en octobre 2023 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Il vise à faciliter une action humanitaire coordonnée et basée sur des principes, tout en renforçant le leadership de l’Union africaine dans l’action humanitaire en Afrique.
Le Forum indique qu’au Soudan « la population est assiégée de toutes parts », avec des combats qui se rapprochent, une propagation du choléra et d’autres maladies, ainsi qu’une famine imminente. Plus de 20 000 décès ont déjà été recensés depuis le début du conflit, et le nombre de victimes continue de croître alors que les civils fuient l’escalade de la violence. La situation humanitaire est qualifiée de « catastrophique », notamment dans le nord du Darfour, où la famine a été confirmée – la première à l’échelle mondiale depuis 2017, selon les agences humanitaires.
Les enfants soudanais sont particulièrement affectés par cette crise. L’ONU estime que 16 millions d’enfants, soit trois sur quatre, souffrent de la faim à des niveaux de « crise », « d’urgence » ou de « catastrophe » – un chiffre qui a presque doublé depuis les 8,3 millions recensés en décembre dernier.
Environ 10 millions d’enfants – soit un sur deux – ont été exposés à moins de cinq kilomètres de la ligne de front, les rendant vulnérables aux tirs, bombardements et autres violences. Plus de 4,6 millions d’entre eux ont été déplacés. Il s’agit de « la plus grande crise de déplacement interne au monde », avec au moins 10,4 millions de personnes forcées de quitter leur domicile, souligne le HCF.
Les femmes ne sont pas épargnées par les violences, dont certaines subissent des violences sexuelles «à un rythme alarmant ». Environ 6,7 millions de personnes sont exposées à ces risques lors de leurs déplacements, dans des abris temporaires ou aux frontières.
Dans ce conflit qualifié de « plus grande crise humanitaire » actuellement dans le monde, les organisations humanitaires appellent les décideurs à inscrire cette urgence « en tête des priorités de l’agenda international ». Elles regrettent qu’en dépit de nombreux efforts diplomatiques et des appels au respect du droit international humanitaire, le mépris de ces lois reste généralisé dans cette guerre civile qui ravage ce pays d’Afrique de l’Est.
ODL/te/Sf/APA