Des militantes du parti Les Transformateurs ont marqué vendredi les 50 jours de détention de leur leader par un rassemblement à N’Djaména, dénonçant un « procès politique » au lendemain de la fin de sa grève de la faim.
La mobilisation en faveur de l’opposant tchadien Succès Masra a connu un regain d’intensité vendredi, au lendemain de la suspension de la grève de la faim qu’il observait en détention depuis une semaine.
À N’Djaména, plusieurs dizaines de militantes du parti Les Transformateurs, réunies au siège du mouvement, ont organisé un rassemblement symbolique baptisé « Balcon de l’Espoir », à l’occasion des 50 jours d’incarcération du président du parti. Dans une déclaration lue par Claudia Hoinaty, vice-présidente chargée de l’engagement féminin, elles ont dénoncé un « procès de la honte républicaine », pointant une détention « arbitraire » et des « accusations sans fondement ».
« Le peuple tchadien n’est pas dupe. Il comprend que c’est une voix qu’on tente de faire taire, pas un crime qu’on juge », a déclaré Mme Hoinaty, appelant à la « libération immédiate » de leur leader.
Cette mobilisation intervient dans un contexte de tension grandissante, alors que Succès Masra a suspendu dimanche 30 juin sa grève de la faim, entamée une semaine plus tôt « pour dénoncer les injustices » et manifester sa « solidarité avec le peuple tchadien ».
Selon son collectif d’avocats, la décision a été prise sur recommandation médicale après une consultation urgente rendue possible dans des conditions de détention jugées « austères ». Son état de santé fragile avait suscité une vague d’inquiétude, renforcée par la nature radicale de son jeûne – sans nourriture, sans eau, ni traitement médical.
Dans une lettre écrite depuis sa cellule, datée du 24 juin, l’ancien Premier ministre évoquait « une prison qui reflète les chaînes invisibles imposées à tout un peuple », dénonçant des inégalités « structurelles » et appelant à une « mobilisation pacifique pour l’émancipation collective ».
Les avocats de l’opposant poursuivent leur offensive judiciaire, dénonçant une arrestation « illégale », entachée selon eux de multiples violations de procédure : absence de mandat, garde à vue prolongée au-delà des délais légaux, perquisitions sans autorisation et falsifications présumées de documents.
La chambre d’accusation a rejeté le 19 juin les requêtes de la défense, une décision que le collectif qualifie de « dénégation de justice » dans ce qu’il considère comme un « procès politique de haute facture ».
« Nous attendons désormais sa confrontation avec le juge d’instruction, et sommes confiants quant à la suite », a déclaré Me Francis Kadjilembaye, porte-parole du collectif.
Face à l’ampleur de la mobilisation, marquée notamment par des gestes symboliques de femmes partiellement dénudées en signe de soutien, et l’implication de la mère de l’opposant, les avocats appellent les militants à « demeurer disciplinés et déterminés » tout en réaffirmant leur attachement au respect de l’État de droit.
AC/Sf/APA