Figure du panafricanisme radical, Kémi Seba entame sa première visite officielle au Tchad dans un contexte de rupture progressive avec l’héritage colonial français. Son séjour à N’Djaména s’inscrit dans une stratégie d’enracinement de son discours anti-franc CFA sur tout le continent.
Le président de l’ONG Urgences panafricanistes, Kémi Seba, est arrivé ce lundi 28 avril 2025 à N’Djamena, la capitale tchadienne. Une première pour celui qui est considéré comme l’une des principales figures du panafricanisme contemporain. Cette visite s’inscrit dans le cadre des activités menées par son organisation sur le continent.
Durant son séjour, il animera le 3 mai une conférence dédiée à la dénonciation du franc CFA et à la remise en cause des accords hérités de la colonisation.
Ce déplacement intervient après plusieurs séjours de Kémi Seba en Afrique de l’Ouest. En mai 2024, il s’était rendu au Niger, où il avait rencontré le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), appelant à la paix entre Niamey et Cotonou, tout en dénonçant la politique pro-France-Afrique du président béninois Patrice Talon.
Le mois suivant, en juin 2024, il avait été accueilli à Ouagadougou, au Burkina Faso, après avoir été expulsé du pays trois ans auparavant. Il y avait tenu des propos virulents contre l’impérialisme, déclarant que « le Burkina et l’Afrique seront le tombeau de l’impérialisme », avant d’être reçu en audience par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
La visite de Kémi Seba à N’Djaména intervient dans un contexte où le Tchad affirme de plus en plus sa volonté de recouvrer une souveraineté pleine et entière sur la scène internationale. En témoignent les décisions récentes du pays, notamment la rupture de sa coopération militaire avec la France, l’ancienne puissance coloniale. En effet, le 28 novembre 2024, le gouvernement tchadien a annoncé la fin de l’accord de coopération en matière de défense signé avec la France, décision prise après une analyse approfondie. Le président Mahamat Idriss Déby a souligné que cet accord était devenu obsolète et ne correspondait plus aux réalités sécuritaires et stratégiques actuelles du pays.
CA/ac/Sf/APA