Le Tchad et le Cameroun ont inauguré ce lundi le pont transfrontalier reliant Bongor à Yagoua, une infrastructure stratégique destinée à renforcer les échanges économiques et la coopération régionale en Afrique centrale.
C’est dans une ambiance empreinte de solennité et de fraternité que le Tchad et le Cameroun ont procédé, ce lundi, à l’inauguration officielle du pont reliant la ville tchadienne de Bongor à celle de Yagoua, au Cameroun. La cérémonie, présidée par le Premier ministre tchadien Allah-Maye Halina et son homologue camerounais Joseph Dion Gute, marque l’aboutissement d’un projet stratégique à la fois pour les deux pays et pour la sous-région.
Long de 600 mètres, cet ouvrage d’art s’inscrit dans la dynamique de renforcement des infrastructures transfrontalières en Afrique centrale. Au-delà de sa dimension physique, il symbolise la volonté politique des dirigeants tchadien et camerounais d’aplanir les barrières à la libre circulation des personnes et des biens, dans un espace commun confronté à de nombreux défis sécuritaires, économiques et humanitaires.
Un symbole d’unité et de résilience
« Ce pont n’est pas qu’un trait d’union géographique, c’est un engagement ferme à bâtir ensemble un avenir d’intégration et de prospérité partagée », a déclaré un responsable local, soulignant l’importance de cette infrastructure pour les communautés frontalières souvent marginalisées des grands circuits commerciaux.
La pose de la première pierre, le 27 février 2020, par feu le président Idriss Déby Itno, en présence du Premier ministre camerounais, reste un souvenir fort pour les riverains. Initialement prévus pour 2023, les travaux ont pris du retard en raison des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Ce contexte a mis à rude épreuve la coordination technique et financière du projet.
Pour un coût global estimé à plus de 90 milliards de francs CFA, le pont de Bongor-Yagoua a été financé conjointement par les États tchadien et camerounais, la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement (FAD), l’Union européenne et le Fonds d’assistance technique des pays à revenu intermédiaire, traduisant l’intérêt stratégique qu’accordent les partenaires techniques et financiers à la modernisation des corridors de transport en Afrique centrale.
Ce deuxième pont entre les deux pays devrait considérablement améliorer la fluidité des échanges commerciaux, dynamiser les activités agricoles et artisanales, et renforcer la sécurité routière dans cette zone longtemps enclavée. Il permettra également de désengorger le pont de Nguéli, à N’Djamena, jusque-là principal point de passage officiel entre le Tchad et le Cameroun.
Par ailleurs, cette infrastructure est appelée à jouer un rôle capital dans l’amélioration de la coopération sécuritaire, dans une région régulièrement confrontée aux flux de réfugiés et aux menaces transfrontalières.
L’ouvrage vient concrétiser les ambitions portées par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui prône l’intégration physique et économique de ses membres. Pour de nombreux observateurs, le pont de Bongor-Yagoua illustre ce que pourrait être demain une Afrique centrale interconnectée et plus solidaire.
CA/ac/Sf/APA