Plus de 18 mois après le début du conflit au Soudan, le nombre de personnes fuyant les atrocités et les violations généralisées des droits humains continue de croître. La plupart choisissent de se réfugier au Tchad.
Depuis le début de la guerre civile entre l’armée et les forces paramilitaires, le Soudan a vu plus de trois millions de ses citoyens se réfugier à l’étranger. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude vendredi face à l’intensité des violences entre les belligérants, qualifiant cette crise de « pire crise de protection des civils que le monde ait connue depuis des décennies », tout en déplorant le manque d’attention internationale.
Des milliers de vies sont « brisées par la guerre et la violence, loin de l’attention du monde », a déclaré l’agence onusienne, précisant que l’exode de ces réfugiés soudanais se dirige principalement vers le Tchad, où 700.000 d’entre eux ont déjà trouvé refuge. La majorité des déplacés sont des femmes et des enfants, contraints de fuir leurs foyers depuis le début de ce conflit « brutal et aveugle ».
Selon le HCR, il s’agit du plus grand afflux de réfugiés de l’histoire du Tchad. Les nouveaux arrivants s’ajoutent aux 400.000 Soudanais déjà installés dans des situations prolongées dans ce pays, portant le total des réfugiés soudanais à 1,1 million. « Et ce n’est pas fini », a averti Dominique Hyde, directrice des relations extérieures du HCR, à son retour d’une visite dans ce pays frontalier du Soudan.
« Les gens n’arrivent pas seulement dans des conditions sordides. Ils n’emportent rien. Rien d’autre que leurs souvenirs, les souvenirs de la violence inimaginable dont ils ont été témoins et auxquels ils ont survécu. Une fois de plus, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut à ce conflit violent », a-t-elle expliqué, qualifiant l’afflux quotidien de réfugiés soudanais d’extraordinaire.
Pour Dominique Hyde, franchir la frontière représente un soulagement pour ces civils soudanais, leur offrant enfin sécurité et répit après des mois de cauchemar. C’est la première fois depuis longtemps qu’ils se sentent en sécurité, a-t-elle observé.
« C’est pourquoi je dis que pour moi, le Tchad est un sanctuaire. Outre le Tchad, d’autres pays voisins du Soudan, comme le Soudan du Sud, l’Éthiopie, l’Égypte et la République centrafricaine se sont surpassés, non seulement en assurant la sécurité des personnes qui fuient, mais aussi en donnant aux réfugiés la possibilité de commencer à reconstruire leur vie pendant leur exil, en veillant à ce que les enfants puissent aller à l’école », a ajouté Mme Hyde, tout en rappelant que le plan régional de réponse aux réfugiés soudanais n’est financé qu’à hauteur de 30% des 1,5 milliard de dollars nécessaires, selon les estimations de 86 partenaires de l’ONU.
ODL/ac/Sf/APA