Face à l’urgence sanitaire due à une nouvelle épidémie de choléra, les équipes humanitaires affirment lutter contre des conditions désastreuses et des obstacles persistants pour protéger des millions de vies.
Alors que le Soudan est déjà confronté à une crise humanitaire dévastatrice, une nouvelle épidémie de choléra vient compliquer davantage la situation. Depuis le début de l’épidémie le 12 août dernier, plus de 658 cas ont été signalés, entraînant 28 décès, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette épidémie s’ajoute aux effets destructeurs de 16 mois de guerre civile, de violentes inondations, et d’obstacles persistants à l’accès pour le secours humanitaire.
Les conséquences de cette nouvelle crise sont d’autant plus alarmantes que le Soudan peine déjà à surmonter les ravages causés par un précédent épisode de choléra en mai dernier, qui avait fait plus de 11 300 cas et au moins 300 décès. Selon Kristine Hambrouck, représentante du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Soudan, les besoins humanitaires sont énormes.
« Nous parlons de personnes qui meurent de faim, de conflits permanents, de problèmes de protection, et de déplacements quotidiens. Les besoins sont tout simplement énormes », a-t-elle déclaré dans une note parvenue ce vendredi à APA.
Outre le choléra, le Soudan est confronté à plusieurs autres épidémies telles que le paludisme, la rougeole, et la dengue, touchant au moins 12 des 18 États du pays. Les ressources pour lutter contre ces maladies sont sévèrement limitées, en particulier dans les zones les plus difficiles d’accès comme les États du Darfour et du Kordofan, où l’aide humanitaire est régulièrement interrompue, signale le HCR.
La propagation du choléra dans les camps de déplacés internes et les zones accueillant des réfugiés, notamment dans les États de Kassala, Gedaref et Jazirah, est particulièrement préoccupante. « Nous avons recensé 119 cas de choléra dans trois sites de réfugiés à Kassala, et cinq personnes y ont déjà perdu la vie », a rapporté Mme Hambrouck, soulignant l’extrême surpeuplement de ces camps, exacerbant ainsi les risques sanitaires.
Des succès dans la vaccination, mais des défis persistent
Malgré ces difficultés, se réjouit l’organisme onusien, une première campagne de vaccination contre le choléra a été couronnée de succès, permettant de protéger plus de 50 000 personnes. Le Dr Shible Sahbani, représentant de l’OMS au Soudan, a confirmé que la campagne avait atteint 97 % de la population ciblée dans l’État de Kassala. Parallèlement, 455 000 doses supplémentaires de vaccin contre le choléra sont en cours de livraison.
Cependant, les efforts de vaccination sont entravés par des problèmes logistiques et un accès humanitaire limité. « Nous sommes toujours confrontés à des obstacles et des défis, qu’ils soient liés à la communication entre les décideurs et ceux qui sont sur le terrain, ou à d’autres problèmes comme les inondations et l’état des routes », a expliqué le Dr Sahbani.
Alors que les besoins en financement humanitaire sont criants, les ressources disponibles sont nettement insuffisantes. Sur les 1,5 milliard de dollars requis pour le Plan régional d’aide aux réfugiés, seuls 22 % ont été reçus, tandis que la réponse interinstitutions au Soudan n’est financée qu’à hauteur de 37 %, affirme le HCR.
Mme Hambrouck a ainsi lancé un appel à la communauté internationale pour un soutien accru, soulignant l’importance de stabiliser la situation du choléra et d’assurer un minimum de conditions sanitaires pour les populations affectées.
Vers une aggravation de la crise alimentaire
L’Organisation des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a également souligné l’importance d’acheminer des fournitures agricoles vitales, y compris des semences, vers les zones touchées du Darfour. « Stimuler la production alimentaire au Soudan est l’un des moyens les plus efficaces de répondre à la crise alimentaire accablante », a déclaré un porte-parole de l’OCHA, cité par la note.
Alors que le conflit a déjà déplacé plus de 10,3 millions de personnes à l’intérieur du Soudan ou dans les pays voisins, la lutte contre cette nouvelle épidémie de choléra et la réponse aux autres urgences humanitaires nécessitent une mobilisation internationale immédiate et soutenue, conclut le HCR.
ARD/Sf/ac/APA