L’Alliance pour la République (APR), le parti de l’ex-président Macky Sall, a exprimé son désaveu après la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et 2024, avançant qu’il s’agit d’une “manipulation politique “.
L’ex-parti au pouvoir n’a pas mis beaucoup de temps avant d’apporter la réplique au gouvernement. Des figures de l’Alliance pour la République (APR), qui a dirigé le Sénégal pendant douze ans, ont fait face aux journalistes jeudi, deux heures après le point de presse de cinq ministres du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko, pour évoquer les conséquences politiques et judiciaires suite à la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques sous le régime de Macky Sall, notamment entre 2019 et mars 2024.
Ancienne ministre des Affaires étrangères sous le défunt régime, Aïssata Tall Sall a rejeté ce rapport qu’elle conteste « sur la forme, sur le fond et sur la finalité ». « Nous ne savons pas qui a rédigé ce rapport, ni qui revendique sa paternité juridique car il n’a pas été signé », a affirmé l’avocate, également présidente du groupe parlementaire de la coalition « Takku-Wallu », faiblement minoritaire avec 17 députés dans une Assemblée nationale dominée par le parti au pouvoir, Pastef, avec ses 130 députés sur 165 sièges.
Selon Mme Sall, personne n’est opposé à ce que la Cour des comptes élabore un rapport, d’autant plus que les pouvoirs de cet organe ont été renforcés par le président Macky Sall. Ce dernier, selon elle, n’a rien à cacher. « Si Macky Sall avait des choses à cacher dans sa gestion, il n’aurait pas mis en place cet organe de contrôle des gestions de ses gouvernements successifs », a-t-elle ajouté.
Pape Malick Ndour, ancien ministre et militant du parti de Macky Sall, a communiqué son analyse du rapport de la Cour des comptes. Il se dit convaincu que le rapport produit par les services de l’Inspection générale des finances (IGF) et la certification « n’ont pas respecté le principe du contradictoire ».
L’ancien ministre de la jeunesse a pointé du doigt également la décision du gouvernement de traduire en justice des auteurs présumés, car selon lui, « le rapport ne mentionne, dans ses recommandations, aucun cas de détournement, d’ouverture d’information judiciaire, de traduction devant la chambre de discipline financière, ou même de remboursement ».
Toutefois, le gouvernement a précisé que la méthodologie utilisée par la cour pour cet audit est différente, en épinglant des irrégularités et respectant le principe de la présomption d’innocence.
Présent à la conférence de presse de l’APR, Oumar Youm, avocat de Farba Ngom, membre influent du parti accusé de blanchiment de capitaux et de détournement de deniers publics, a formulé de graves accusations à la suite de l’audition de son client au pôle judiciaire financier. Selon lui, la publication d’un rapport sur Farba Ngom juste avant son audition, reprogrammée le 27 février prochain, relève d’une manipulation politique visant à « noyer le poisson ».
ODL/ac/APA