Des cinq candidats à la présidentielle qui vont briguer le suffrage de plus de six millions de Sénégalais le 24 février prochain, Ousmane Sonko, 44 ans, est vu comme celui qui prône la rupture.
Le leader de Pastef se définit comme le candidat antisystème en référence au système politique en place de l’indépendance en 1960 à nos jours. Cette posture incarnée par l’ex-inspecteur des impôts dans la politique sénégalaise fait de lui la cible de plusieurs adversaires, dont certains lui envient déjà la fulgurance de sa popularité à quelques jours de la tenue de la présidentielle dont le premier tour est prévu le 24 février 2019.
Pour sa première participation à une élection présidentielle, le leader du parti Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) ambitionne à travers ses « Solutions », titre donné à son livre-vision publié en septembre 2018 de « redonner le Sénégal aux Sénégalais ». Pour lui en effet, politique rime avec patriotisme.
Né le 15 juillet 1974 à Thiès (ouest), Ousmane Sonko, de parents originaires de la Casamance (sud), du Baol (centre) et du Fouta (nord), aime se présenter comme le symbole du pluralisme culturel sénégalais. Aux yeux de plusieurs observateurs, il incarne le renouveau, l’étoile montante de l’arène politique sénégalaise mais aussi et surtout le candidat contre un système vieux de 59 ans sans produire les résultats escomptés tout en continuant d’asservir le peuple.
Et c’est cette démarche qui lui a valu le soutien de quelques activistes dont Guy Marius Sagna. Ce dernier partage les mêmes positions que lui sur les questions liées aux accords de partenariat économique (APE) et au franc CFA dont il compte d’ailleurs se débarrasser, une fois élu, de manière progressive dans la perspective d’une monnaie unique africaine.
Et Guy Marius Sagna, une des figures actuelles de l’anti-impérialisme au Sénégal et chargé de l’organisation dans la coalition Sonko Président, est convaincu que son candidat est celui qui incarne cette nécessité de rupture avec ce système asservissant tout en étant porteur d’un projet sénégalais s’inscrivant dans le cadre d’un projet panafricain de libération et d’émancipation des peuples.
A 44 ans, Sonko est certes le cadet des cinq candidats à cette présidentielle, mais il demeure un candidat pris très au sérieux, surtout par la mouvance présidentielle. Guy Marius Sagna en veut pour preuve l’attitude du candidat sortant Macky Sall et de ceux qui le soutiennent face à Sonko.
« Depuis des mois, vous avez constaté que les membres de la majorité présidentielle n’ont que des critiques, n’ont d’yeux que pour Ousmane Sonko. Ils ont tout tenté, tout essayé, ils n’ont rien pu faire contre cette candidature-là. Ils ont été obligés depuis quelques temps à essayer de n’utiliser qu’un seul argument : Ousmane Sonko qui se proclame antisystème et qui est en réalité un être humain comme nous qui fait ce que nous faisons », dit-il.
« Un parcours scolaire et universitaire sans faute »
A Thiès, ville qui l’a vu naitre, Ousmane Sonko y a passé son enfance jusqu’à l’obtention du baccalauréat en 1993. Orienté à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, il obtient son diplôme de spécialisation en droit public.
Il passe quelques années après à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avant de réussir au concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Cette phase clôt sa formation en 2001 dans la prestigieuse école de l’administration, à la section « Impôts et Domaines ». Son premier poste, il l’a occupé au Centre des Services fiscaux de Pikine, dans la banlieue dakaroise.
Au cours de son passage au sein de la fonction publique, Ousmane Sonko gravit très vite les échelons de l’administration fiscale et douanière pour devenir quelques années plus tard auditeur interne à la Direction du Contrôle Interne (DCI) de la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID), chargé de la rédaction de la charte de déontologie de la DGID.
C’est au sein de cette direction qu’il créa, en 2005, le Syndicat Autonome des Agents des Impôts et Domaines (SAID) et devient son premier Secrétaire général jusqu’en Juin 2012, puis le Secrétaire Général honoraire jusqu’en août 2016.
Grâce à cette entité, l’Inspecteur des Impôts et domaines a mené plusieurs combats pour l’amélioration des conditions de travail des agents de la DGID. Cette position lui a permis de dénoncer les anomalies fiscales ou budgétaires, notamment l’opacité des conditions d’attributions des contrats d’exploitation du gaz et du pétrole sénégalais.
Et c’est suite à ses différentes révélations fracassantes, qu’il a été radié de la fonction en 2016 par le décret N°2016-1239 du président Macky Sall pour « indiscrétion professionnelle ».
Mais convaincu de la noblesse de son combat, il décide de briguer les suffrages des sénégalais aux législatives de juillet 2017 et devient député de la coalition NDAWI ASKAN WI/ Alternance du Peuple. Un poste de député obtenu de haute lutte grâce au système du plus fort-reste.
Après l’hémicycle, Ousmane Sonko vise désormais le fauteuil présidentiel et se donne tous les moyens nécessaires pour atteindre son objectif. Sa côte de popularité est montée en flèche en quelques mois, au point qu’une grande partie de la jeunesse voit en lui, l’alternative des « politiques professionnels ». Ousmane Sonko est aussi très populaire sur la toile, amenant ses pourfendeurs de la majorité présidentielle à le qualifier de candidat « des réseaux sociaux ».
Sa coalition «Sonko Président » a récemment reçu le soutien de trois candidats recalés à la candidature par le système du parrainage. Il s’agit de l’ancien directeur général des douanes, Boubacar Camara, de l’ancienne déléguée générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), Yacine Fall et de l’architecte Pierre Goudiaby Atepa.
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