Les quotidiens sénégalais parvenus mardi à APA titrent principalement sur les tractations entre le pouvoir et l’opposition incarnée par Ousmane Sonko pour apaiser la tension politique née du report de la présidentielle du 25 février 2024, le président Macky Sall mettant sur la table un projet de loi d’amnistie sur les événements meurtriers de mars 2021 et de juin 2023.
Le Quotidien affirme que « le juge arrête les députés » qui ont mis sur pied une commission d’enquête parlementaire pour connaître les tenants et aboutissants de l’invalidation par le Conseil constitutionnel de la candidature de l’opposant en exil Karim Wade, candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS), à l’élection présidentielle du 25 février 2024, reportée par l’Assemblée nationale au 15 décembre 2024 à la suite d’un vote controversé et mouvementé.
Le journal précise que « le Garde des sceaux a saisi l’Assemblée suite à la plainte du juge Cheikh Ndiaye », l’un des magistrats du Conseil incriminés par les députés du PDS alors que leurs collègues et alliés de la majorité présidentielle, la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir) disent vouloir laver l’honneur de leur candidat, le Premier ministre Amadou Ba.
Sous le titre exclamatif « coup foiré », Walf Quotidien note que le report de la présidentielle est un « pari perdu » pour Karim Wade. En effet, le report du scrutin « est en passe de créer un dégel entre Macky Sall et Ousmane Sonko, à travers un éventuel projet de loi d’amnistie. Karim Wade, instigateur du report, serait le seul perdant de cette accalmie. Il risque de voir son parti capoté », estime le journal, soulignant que « Dakar retient son souffle » avec la marche silencieuse projetée par l’opposition ce mardi pour réclamer la tenue de la présidentielle à la date échue.
L’Observateur évoque les « contrecoups du report de la présidentielle » et met en exergue un « Macky en isolement ». Dans cette crise, le journal analyse « la marge de manœuvre du Président, les concessions à faire et les voies de sortie » même si Macky Sall peut compter sur « les anciens Présidents (Abdou) Diouf et (Abdoulaye) Wade (qui viennent) à la rescousse » de leur successeur.
Le Soleil se fait l’écho de « l’appel de Diouf et Me Wade ». Dans une déclaration conjointe, les deux vétérans de la politique sénégalaise « reviennent sur la situation sociopolitique du Sénégal et invitent tous les acteurs au dialogue », une position sur laquelle « le Parti socialiste (PS) et l’Alliance des forces de progrès (AFP) disent être favorables ». Pour sa part, « Karim Wade salue l’initiative des deux anciens chefs d’Etat » là où Khalifa Sall estime que « le dialogue n’est pas la priorité du moment ».
Sud Quotidien indique que « Abdou Diouf et Me Wade s’en mêlent » et « invitent la jeunesse +à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs+. Quant à la classe politique et la société civile, elles sont appelées à participer au dialogue, +afin que la présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables+ », note le journal.
A propos des tractations autour d’un projet de loi d’amnistie sur les événements meurtriers de mars 2021 et de juin 2023, Libération estime que Pierre Goudiaby « Atépa et Alioune Tine (sont) à la manœuvre ». « Je discute avec les uns et les autres et je dois avouer que tout le monde fait preuve d’ouverture et d’humilité », salue l’architecte là où le fondateur du groupe de réflexion Africajom center souligne que « dans les prochains jours, Ousmane Sonko et les détenus politiques seront libérés. Il faut que le pouvoir et l’opposition se rassurent ». En revanche, l’opposant Thierno Alassane Sall avertit que « accepter l’amnistie par le dialogue, c’est faire le choix de trahir les intérêts du Sénégal ».
Sous le titre « Amnistie, pour solde de tous… contes » sur les émeutes de mars 2021 et juin 2023, L’Observateur émet des « interrogations et inquiétudes sur l’initiative prêtée au Président » de la République. Les questions tournent notamment « autour de la gestion des vies tombées, des investissements anéantis, des biens publics et privés saccagés, des emplois perdus », souligne le journal dans lequel un observateur de la scène politique met en garde : « On ne doit pas y intégrer les faits criminels comme l’attentat du bus à Yarakh ».
ODL/ac/APA