Dans un communiqué publié vendredi, le parti Les Démocrates, principale formation d’opposition au Bénin, fustige le fonctionnement de la justice et les récentes modifications du code électoral, moins d’un an avant les élections générales.
« La justice béninoise continue de saborder l’exécutif dans la destruction de toute initiative d’indépendance et d’équité du système judiciaire ». Le ton est donné dans le communiqué publié ce vendredi 3 janvier par le parti Les Démocrates, qui réagit notamment à une récente décision de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET).
La formation politique de l’ex-président Thomas Boni Yayi, s’appuyant sur les « irrégularités soulevées par le Collège des avocats des accusés », rappelle les procès controversés de plusieurs figures de l’opposition, dont Réckya Madougou et Joël Aïvo. Arrêtés en 2021, Réckya Madougou et Joël Aïvo ont été condamnés respectivement à 20 ans et 10 ans de prison pour des accusations de financement du terrorisme et d’atteinte à la sûreté de l’État.
Pour illustrer ce qu’il considère comme un « zèle judiciaire », le parti cite deux exemples révélateurs : d’un côté, un dossier criminel bouclé en moins de cinq mois, de l’autre, une affaire de détournement de quatre milliards de FCFA au préjudice de la Direction générale des impôts, qui attend son dénouement depuis plus de cinq ans.
Cette sortie intervient dans un contexte politique tendu. Le 22 janvier 2024, lors d’une rencontre avec 28 députés du parti Les Démocrates, le Président de la République s’était engagé à terminer son second et dernier mandat « dans les mêmes conditions de son accession à la magistrature suprême en 2016 », soit « dans la paix et dans la ferveur ».
Or, quelques semaines plus tard, suite à l’échec d’un projet de révision constitutionnelle, le parti dénonce un « durcissement du Code électoral » par la majorité parlementaire. La modification adoptée le 5 mars 2024 introduit notamment un « concept d’accord de gouvernance » au profit exclusif des partis UPR et BR. Une disposition que Les Démocrates interprètent comme une manœuvre pour contourner l’obligation faite aux partis d’obtenir chacun 20% du suffrage exprimé dans toutes les circonscriptions électorales.
Face à ce qu’il qualifie de « stratégie ourdie d’usurpation de la souveraineté du peuple », le parti en appelle directement au Chef de l’État. Il l’invite à « s’engager dans la dynamique et dans la voie du dialogue pour une véritable décantation politique » à l’approche des élections générales.
« Les piliers d’une démocratie ne tiennent debout que si sa justice est tournée vers l’équité et le respect des textes sans distinction de couleur et d’opinion politique », conclut le communiqué, soulignant que ce principe est « plus encore valable au Bénin aujourd’hui que par le passé ».
AC/Sf/APA