L’ancien président béninois Thomas Boni Yayi a passé presqu’une semaine à Conakry pour tenter de trouver une issue à la crise politique guinéenne.
Le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour la Guinée a achevé samedi 27 août sa deuxième mission de travail, près de deux mois après son premier séjour dans la capitale guinéenne. Arrivé le 21 août, Thomas Boni Yayi a rencontré divers acteurs dans ce pays qui traverse une nouvelle crise institutionnelle à la suite du coup d’Etat du 5 septembre 2021.
Au terme de sa visite, dont le but était de faciliter l’opérationnalisation d’un cadre de dialogue inclusif qui devrait permettre le retour à l’ordre constitutionnel, l’ancien président béninois (2006 – 2016) a notamment « salué la mise en place par les autorités de la transition du cadre de concertation inclusif ».
Cet organe, composé d’acteurs politiques et membres de la société civile, a été lancé le 15 avril dernier par le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition, à la tête du putsch qui a renversé Alpha Condé. Boycotté par certains partis politiques majeurs, tels que le RPG d’Alpha Condé et la coalition du G58 de Cellou Dalein Diallo et de Sidya Touré, ce cadre est censé instaurer des discussions pour sortir de la transition. Ces figures politiques guinéennes exigent toutefois sa supervision par un observateur international.
Cependant, Thomas Boni Yayi « a exhorté les partis politiques n’ayant pas encore pris part au cadre de concertation initié par les autorités, lequel cadre pourrait être actualisé de manière consensuelle, de le faire afin d’assurer une transition apaisée ». Il invite dans ce sens les parties prenantes, à savoir le gouvernement de transition, l’opposition et la société civile, « à trouver des compromis pour rendre le dialogue inclusif et consensuel ».
Selon le communiqué de la Cedeao, ces dernières « ont affirmé leur volonté de poursuivre les discussions afin de convenir d’un calendrier et d’un contenu de transition acceptés de tous ».
Par ailleurs, la fin de séjour du médiateur de cette organisation sous-régionale coïncide à la suspension partielle des appels à manifester du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Ce mouvement contestataire, dissous en début août par le gouvernement de transition, est composé de coalition de partis, de syndicats et d’organisations de la société civile.
Malgré sa dissolution, le FNDC continue toujours de mobiliser et avait appelé à manifester ce lundi 29 août et le 4 septembre pour un retour à l’ordre constitutionnel face à la « la gestion unilatérale de la transition » par la junte militaire. Le mouvement a renvoyé cette décision après des entretiens avec des responsables de la Cedeao et certains présidents de la conférence des chefs d’État de l’organisation ouest-africaine.
« Au cours de ces discussions, les divergences qui découlent de la conduite de la transition, en Guinée, ont été abordées. Le FNDC, très à l’écoute de ses partenaires et soucieux de la réussite de cette transition, est favorable au dialogue et à la paix, a accédé à la demande de la Conférence des chefs d’État de la Cedeao, mais aussi des chrétiens de Guinée de suspendre ces manifestations citoyennes et pacifiques, pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel, prévu ce lundi 29 août et le dimanche 4 septembre, jour de prière de nos compatriotes chrétiens », a expliqué sur RFI Sékou Koundono, l’un des dirigeants du FNDC.
ODL/cgd/APA