La ville russe de Sotchi va accueillir du 22 au 24 octobre prochain le tout premier sommet Russie-Afrique, une rencontre, certes placée sous le signe du renforcement des relations entre les deux entités, mais qui sera « plus sécuritaire qu’économique », a confié à APA l’éditorialiste camerounais, Louis Magloire Keumayou.
« J’espère que les diplomates et les chefs d’Etats africains vont suffisamment préparer leurs cahiers de stratégie pour savoir très précisément ce qu’ils attendent de la Russie parce qu’il me semble que ce n’est pas la coopération économique avec l’aide budgétaire comme on en voit dans les autres pays qu’ils auront » à Sotchi, a notamment dit M. Keumayou, président du Club de l’Information Africaine.
Depuis 2014 et suite à « l’annexion » de la Crimée, autrefois ukrainienne, par la Russie, cette dernière est frappée par une série de sanctions occidentales sans précédent, qui ont mené son économie au bord de la récession. D’où, souligne l’éditorialiste camerounais, « la Russie n’a visiblement pas d’argent pour apporter une aide financière ou économique aux pays africains ».
A en croire M. Keumayou, la seule chose que la Russie est capable d’offrir aux pays africains, dans ces conditions, est son droit de véto qu’elle peut faire valoir pour protéger l’intégrité territoriale de certains Etats et bloquer des résolutions pouvant leur être défavorables.
Si la Russie n’a pas grand-chose à proposer au continent noir, elle attendra, cependant, des Africains qu’ils lui vendent des matières premières à un prix préférentiel et dans des conditions similaires à celles obtenues par la Chine ou les autres pays, a-t-il souligné.
Toutefois, relativise le journaliste camerounais, la Russie étant elle-même productrice de certaines matières premières qu’on trouve en Afrique n’accordera pas beaucoup d’intérêt sur ce plan.
Cela le pousse à dire que Vladimir Poutine « ne va pas beaucoup donner, mais attendra beaucoup de la part des africains et surtout l’Afrique sera très probablement une variable d’ajustement dans la diplomatie russe plus qu’autre chose ».
Partant de cette analyse, il dit espérer que « les Africains iront à ce sommet en tant que groupe africain parce que s’ils y vont en rangs dispersés, probablement c’est ce qui va se passer, c’est la Russie qui tirera avantage de la situation ».
Revenant sur les raisons de l’organisation de ce tout premier sommet entre et l’ancienne puissance soviétique et les pays africains, Louis Magloire Keumayou a souligné la nécessité pour la Russie de « réaffirmer son rayonnement sur le plan militaire et celui des matières premières mais également l’élargissement de son champ d’influence qui s’était rétréci avec l’implosion de l’Union soviétique ».
« Elle a commencé avec la RCA en matière de coopération militaire et je pense qu’elle va accroitre cette coopération sur le plan sécuritaire en allant chercher également d’autres partenaires vers le Sahel », a-t-il fait remarquer.
Selon l’analyste, le sommet de Sotchi sera donc « une occasion pour la Russie de montrer qu’elle est aussi intéressante que tous les autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU mais également que tous les autres pays émergents qui vont aujourd’hui trouver des parts de croissance en Afrique ».
ARD/cat/APA