Le président tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, a justifié ce dimanche la rupture des accords de défense avec la France, une décision qu’il qualifie d’« acte souverain » visant à affirmer l’indépendance du Tchad.
Le chef de l’Etat tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, s’est exprimé ce dimanche 1er décembre lors d’un point de presse pour clarifier la décision de son pays de mettre fin aux accords de coopération militaire avec la France. Qualifiant cette rupture d’« acte souverain, mûrement réfléchi et entièrement assumé », il a souligné que cette démarche vise à renforcer l’indépendance nationale du Tchad et à répondre aux aspirations du peuple tchadien.
Le chef de l’Exécutif tchadien a instruit son gouvernement de prendre attache avec les autorités françaises afin d’organiser la mise en œuvre de cette décision. « Conformément aux dispositions de l’accord, le Tchad respectera les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis, et collaborera avec la partie française pour garantir une transition harmonieuse », a-t-il précisé.
Dans un communiqué publié le 29 novembre, le gouvernement tchadien avait annoncé la fin de l’accord révisé en matière de défense, signé avec Paris le 5 septembre 2019. Selon le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères, cette décision marque un tournant historique pour le Tchad, 66 ans après la proclamation de la République. « Elle permettra au pays d’affirmer sa souveraineté pleine et entière et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon ses priorités nationales », avait-il expliqué.
Le communiqué précisait que cette rupture ne remet pas en cause les relations historiques et les liens d’amitié entre le Tchad et la France. Le Tchad se dit « déterminé à entretenir des relations constructives avec la France dans d’autres domaines d’intérêt commun, au bénéfice des deux peuples ».
Cette annonce a coïncidé avec la visite au Tchad de Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Christophe Lemoine, cité par l’AFP, a rappelé que « la France mène, depuis près de deux ans, une réflexion sur la reconfiguration de ses dispositifs militaires en Afrique ». Il a également souligné qu’un dialogue étroit avait été engagé avec les autorités tchadiennes concernant l’évolution du partenariat sécuritaire.
Cependant, l’annonce de la rupture a surpris le chef de la diplomatie française, qui venait tout juste de quitter N’Djamena après avoir visité des camps de réfugiés soudanais. Malgré cette décision inattendue, Paris a indiqué qu’elle « prend acte » de cette orientation et qu’elle entend poursuivre le dialogue avec le Tchad pour sa mise en œuvre.
Mahamat Idriss Deby a insisté sur le fait qu’il était « temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon ses priorités nationales ».
Avec environ un millier de militaires français encore présents sur son sol, le Tchad amorce ainsi une reconfiguration de ses relations bilatérales avec Paris, dans un contexte régional marqué par des enjeux sécuritaires persistants.
AC/Sf/APA