Enseignant à Sciences Po, à Paris, le Franco-béninois Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef à Jeune Afrique et au journal Le Monde, explique pour Apa news les conséquences éventuelles de l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir en France à l’issue du second tour de la présidentielle prévu dimanche 24 avril.
Est-ce que vous redoutez une victoire de Marine Le Pen à l’issue du second tour de l’élection présidentielle prévu en France dimanche 24 avril ? Si oui, pourquoi ?
Je ne redoute pas une victoire de Marine Le Pen car persuadé qu’une telle perspective est improbable. Tous les instituts de sondage donnent Emmanuel Macron vainqueur au second tour. Son adversaire, qui a beaucoup appris de sa mésaventure électorale de 2017, a encore du chemin à faire pour convaincre la majorité des électeurs à la prendre au sérieux.
Sa prestation au débat de l’entre-deux tours confirme ma conviction : elle n’est pas pas prête à assumer les fonctions de chef d’une puissance nucléaire comme la France. Elle n’en a ni la carrure, ni l’expérience, même si elle a fait du chemin. Je ne redoute pas son éventuelle élection. Il faut donc arrêter de se faire peur.
Dans l’hypothèse d’une telle victoire, comment est-ce que vous imaginez, vos premières reactions, réflexions, le choc éventuel ?
Si, par extraordinaire, elle était néanmoins élue, ce serait un cataclysmique aux plans politique, économique, diplomatique et en termes d’image pour la France. Par ses décisions inapplicables au regard de la Constitution, elle pousserait les communautés les unes contre les autres, avec des impacts rédhibitoires pour la cohésion nationale, l’économie et les relations entre la France et les autres pays, notamment africains. Par ailleurs, elle n’a pas les moyens d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale. Comment pourrait-elle gouverner ? En l’espèce, ce ne serait pas une cohabitation mais une impasse dont pâtirait tout le pays.
Comment est-ce que vous imaginez la France gouvernée par l’extrême-droite ? Quelles pourraient être ses relations avec les pays africains ?
Franchement, je ne peux imaginer qu’elle soit élue. La première femme présidente de la République ne peut pas provenir d’un mouvement d’extrême-droite.
Los/APA