Le président nigérien Abdourahamane Tiani accuse des puissances occidentales, dont la France, de vouloir déstabiliser la Confédération des États du Sahel (AES) par des moyens indirects, impliquant réseaux de renseignement, acteurs régionaux et groupes armés.
Le président de la refondation nigérienne, le général Abdourahamane Tiani, a accusé des puissances occidentales, dont la France, de mener une guerre indirecte contre la Confédération des États du Sahel (AES). Dans un entretien marathon de près de 4 heures, accordé samedi à la télévision nationale RTN, il a évoqué un vaste complot impliquant des États voisins, des services de renseignement étrangers et des acteurs internationaux, visant à faire échouer le projet confédéral sahélien.
Des cellules françaises et des réseaux étrangers identifiés
Le général Tiani affirme que deux cellules françaises seraient actives dans la région. La première, mise en place après le coup d’État du 26 juillet 2023, serait dirigée par Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron en Afrique. Elle regrouperait des officiers français dont l’objectif serait de « prévenir toute contamination sahélienne » et de maintenir une influence militaire dans la région.
La seconde, nommée « cellule Sahel de l’Élysée », aurait été créée en septembre 2024 sous la coordination de Christophe Guilhou. Elle rassemblerait, selon Tiani, des agents de la DGSE, des diplomates et des responsables de l’Organisation internationale de la francophonie. Jérémie Robert en serait l’opérateur principal. Il affirme que cette cellule disposerait de « fonds illimités pour déstabiliser l’AES ».
Déploiements armés, réunions secrètes et accusations régionales
Le président nigérien évoque un « repeuplement terroriste » dans les zones frontalières entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, alimenté par le redéploiement de combattants issus du Lac Tchad. Il accuse le Bénin d’avoir laissé s’installer ces groupes dans le nord de son territoire, une zone qu’il qualifie de « libre sous inspiration française ».
Selon lui, une réunion tenue le 15 mars 2025 aurait rassemblé des représentants occidentaux et des groupes armés comme Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest. « Ils veulent les utiliser pour mener une guerre indirecte contre les pays de la Confédération, en commençant par le Niger », a-t-il déclaré.
Le Nigéria est également mis en cause, accusé d’avoir accueilli les troupes françaises expulsées du Niger et de leur fournir un soutien logistique. Deux réunions organisées à Abuja, les 25 janvier et 3 février 2025, sont citées comme moments-clés dans la coordination présumée de ces manœuvres. Le Comité international de la Croix-Rouge, récemment expulsé du Niger, est accusé d’avoir participé à la seconde rencontre.
Riposte militaire et portée politique de l’AES
Face à ces menaces, Tiani a assuré que la force conjointe de l’AES est « opérationnelle » et qu’elle a déjà mené des actions sur le terrain. « Elle monte en puissance parce que nous avons compris que notre sort en dépendra », a-t-il déclaré.
Revenant sur les motivations de ce qu’il considère comme une offensive étrangère, il estime que l’AES est perçue comme un modèle à abattre. « L’intensification des actions contre nos États vise à en faire tomber un, afin d’enrayer l’exemple que nous représentons », a-t-il affirmé.
Évoquant la situation à Gaza, il a également critiqué le silence des grandes puissances, y voyant une « compassion sélective ». Enfin, il a déclaré que la Confédération menait une lutte existentielle : « Nous nous battons pour la survie de l’homme africain tout court. »
AC/Sf/APA