Depuis New Delhi, en Inde, où il a pris part ce weekend au Sommet du G20, le président français a réagi aux accusations des autorités nigériennes sur le « manque de sincérité » de la France sur le retrait total de leurs troupes stationnées au Niger.
C’est en conférence de presse, ce dimanche en marge du Sommet du G20 qui vient de prendre fin ce dimanche à New Delhi, que le président français a réagi aux nouvelles accusations, portées la veille par les autorités nigériennes de transition. Dans un communiqué publié le samedi 9 septembre, la junte militaire et le gouvernement de transition avaient, en effet, accusé la France de préparer une intervention militaire contre le Niger à partir de pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) d’une part, et d’autre part, de « manœuvres sournoises et dilatoires » sur le retrait total des troupes françaises stationnés dans le pays.
En réponse à la presse, Emmanuel Macron a, d’abord, rappelé que « les forces françaises sont au Niger à la demande des autorités du pays ».
« Nous sommes au Niger pour lutter contre le terrorisme à la demande du Niger et de ses institutions démocratiquement élues, à savoir le président Bazoum, son gouvernement et son Parlement. Nous avons d’ailleurs eu une action efficace qui a drastiquement réduit des attaques terroristes sur le sol du Niger et nous l’avons fait aux prix de la vie de plusieurs soldats français. (…) Si nous redéployerons quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui », a fait savoir le président Macron. Et d’insister sur le fait que depuis le coup d’état intervenu fin juillet dernier, la France s’est alignée sur une position simple : « Nous le condamnons et nous demandons la libération du président Bazoum et la restauration de l’ordre constitutionnel. Et nous ne reconnaissons aucune légitimité aux déclarations des putschistes, puisque le président Bazoum n’a pas renoncé à son pouvoir ».
Selon le président français, ce n’est seulement qu’avec le président Bazoum que la France va discuter des modalités de redéploiement ou de toute autre question relative à la situation des soldats français au Niger. « Je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui et non pas avec des responsables qui aujourd’hui prennent en otage un président », a poursuivi le chef d’Etat français.
Dans sa réponse, le président Macron a également indiqué que depuis le premier jour, c’est-à-dire au lendemain de la prise du pouvoir par les militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la France « se coordonne » avec l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement de la région. « Nous soutenons pleinement les positions de la Cédéao qui a aussi condamné ce putsch. Elle a pris des sanctions, tout comme l’Uemoa et la Cédéao continue le travail pour libérer le président Bazoum et permettre de résoudre cette crise. La France est à ses côtés et la soutien », a enfin déclaré Emmanuel Macron avant de conclure que sur le reste, « je n’ai pas d’intention tant que la situation est celle-ci, elle gèle en quelque sorte tout puisque la seule personne avec qui nous avons légitimement parlé, c’est le président Bazoum».
Dans un communiqué lu samedi dans la soirée sur la télévision et la radio nationales, le porte-parole du CNSP et du gouvernement de la transition a accusé la France de continuer de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cédéao dans le cadre des préparatifs d’une « agression contre le Niger » qu’elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire. C’est ainsi que, selon le colonel Abdramane Amadou, à partir du 1er septembre dernier, deux aéronefs de transport militaire de type A400 M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire ainsi que deux autres hélicoptères multi rôles de type super PUMA, une quarantaine de véhicules blindés à Kandi et Malanville au Bénin. Le 7 septembre, a-t-il ajouté, un navire militaire français a accosté à Cotonou avec à son bord du personnel et des moyens militaires alors que parallèlement, une centaine de rotations d’avions militaires cargo a permis de débarquer d’importante quantité de matériels et équipements de guerre au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Bénin.
Dans le même communiqué, le CNSP et le gouvernement de transition ont également dénoncé et fustigé « le manque de sincérité ainsi que les manœuvres sournoises et dilatoires des autorités françaises » sur le retrait total de ses troupes du Niger, des manœuvres qui selon les autorités nigériennes, visent à « émousser, dans la durée, l’ardeur patriotique du peuple nigérien dans sa lutte pour le retrait total des troupes françaises du Niger pour ensuite mieux réussir une intervention militaire contre notre pays ».
AYB/ac/APA