Une requête de la plateforme de l’opposition ivoirienne auprès de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sur la nouvelle loi constituant la Commission électorale indépendante (CEI) a été « jugée recevable », a annoncé samedi à Yamoussoukro Henri Konan Bédié, lors d’un meeting d’hommage à feu Félix Houphouët-Boigny.
« Je voudrais vous informer officiellement que la requête adressée par les groupes parlementaires de l’opposition ivoirienne dont le Pdci à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples exprimant notre opposition à l’application de la nouvelle loi sur la CEI a été jugée recevable », a dit Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), à un meeting de sa formation.
« Nous espérons une conclusion heureuse dans les prochains mois », a ajouté M. Henri Konan Bédié, tout en saluant les frères et amis des partis politiques qui ont répondu à l’appel pour la constitution de la plateforme non-idéologique de l’opposition, regroupée pour la conquête du pouvoir.
Dans une adresse à des milliers de militants, sur la Place Jean Paul II de Yamoussoukro, M. Bédié a salué sur sa terre natale, la mémoire de feu Félix Houphouët-Boigny, fondateur du Pdci, appelant les militants à ne point céder à la peur dans l’élan pour la reconquête du pouvoir d’Etat.
Pour l’opposition, il y a « un déséquilibre structurel savamment aménagé qui place de façon très claire cette CEI sous l’emprise du pouvoir actuel. C’est pourquoi, cette Commission électorale indépendante n’éteint en rien les contestations pertinentes et les fortes réserves émises par les forces politiques ».
Entrés en discussion avec le gouvernement ivoirien depuis le 21 janvier 2019 sur la question de la CEI, les partis politiques de l’opposition regroupés au sein de la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la Paix (CDRP), n’ont pu poursuivre les débats, suite à des divergences.
Déplorant « l’obstination du gouvernement à poursuivre dans une voie non consensuelle et porteuse de graves menaces pour l’avenir » du pays, les trois groupes parlementaire de l’opposition ont à nouveau saisi la Cour en vue de « déclarer cette nouvelle CEI non conforme aux instruments internationaux auxquels la Côte d’Ivoire est partie ».
Les partis politiques de l’opposition demandent une « réforme profonde de la CEI » et exigent que les discussions soient étendues à l’ensemble des questions relatives, tant à la composition, qu’au cadre juridique et institutionnel des élections.
En son arrêt du 18 novembre 2016, la Cour africaine des Droits de l’Homme et des peuples a demandé à l’Etat de Côte d’Ivoire de reformer la CEI afin qu’elle soit conforme à ses engagements internationaux. L’opposition qui rejette la nouvelle CEI, veut une réforme en profondeur de l’institution avec un président issu de la société civile.
Ce meeting qui intervient au lendemain de l’anniversaire de la naissance de feu Félix Houphouët-Boigny, se veut une remobilisation des militants pour l’élection présidentielle d’octobre 2020 que le Pdci compte remporter avec la collaboration de l’opposition dont le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo.
Le Pdci devra affronter pour ce faire son ex-allié, le Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), le parti au pouvoir. Selon M. Bédié, chef de ce parti, le parti unifié Rhdp est « nain » à côté de sa formation et n’arrive pas à sa ceinture.
M. Bédié a dénoncé des « abus de déstabilisation des partis politiques » et une « justice aux ordres » en allusion à la condamnation de son vice-président Jacques Mangoua, écroué pour détention illégale de munitions, tout en invitant les militants à se réveiller « pour dire non à cette dictature rampante ».
A ce meeting, le Front populaire ivoirien (FPI), était représenté par Assoa Adou, son secrétaire général. Àu nom de M. Gbagbo, il a salué cette « trajectoire de la paix tracée » par M. Bédié, en instituant la plateforme de l’opposition pour la réconciliation de la Côte d’Ivoire.
« Tous ceux qui hésitent à nous rejoindre, je les invite à la faire » afin de construire le pays de la vraie fraternité, a-t-il lancé. Pour lui, la « mobilisation est urgente pour la libération de la Côte d’Ivoire ».
Pour sa part, le président de Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (Raci, opposition), Soro Kagnigui, un parti proche de Guillaume Soro, a laissé entendre que sa formation a sa part de responsabilité dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et de façon responsable l’accepte, l’assume de demande « pardon ».
« Nous demandons pardon aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes, nous demandons pardon à papa Henri Konan Bédié, nous demandons pardon à papa Laurent Gbagbo », fondateur du FPI, actuellement à Bruxelles, en attente du dénouement de son procès à la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il dit.
La Commission centrale de la CEI a été mise en place. Les membres, au nombre de 15 qui ont prêté serment, ont déjà pris fonction après l’élection du président de cette institution en charge d’organiser les élections en Côte d’Ivoire.
AP/ls/APA