Interdits de se rassembler, ce jeudi 8 mai 2025, au Plateau, le centre des affaires d’Abidjan, les militants du PDCI (opposition) se sont retrouvés au siège du parti, à Cocody, dans le cadre d’une mobilisation relative au procès impliquant Tidjane Thiam, leur leader, dont le verdict a finalement été reporté au jeudi 15 mai.
Le tribunal d’Abidjan Plateau avait été saisi par une cadre du PDCI, Valérie Yapo, pour contester la qualité de président de Tidjane Thiam à la tête du parti, sous prétexte qu’il a perdu la nationalité ivoirienne. Le juge a, à nouveau, reporté ce jeudi, le verdict au 15 mai 2025.
Dans une récente décision sur le contentieux de sa nationalité, la juge a ordonné le retrait du nom de Tidjane Thiam de la liste électorale, soutenant qu’il n’était plus Ivoirien au moment de son inscription sur le listing électoral, en 2022, selon l’article 48 du Code de la nationalité.
Si le tribunal retient la thèse que Tidjane Thiam, qui a renoncé à la nationalité française en mars 2025, n’était plus Ivoirien au moment de son élection, en décembre 2023, à la présidence du PDCI, il pourrait être démis de cette fonction.
Pour son avocat, Me Suy Bi, primo, toute question relative à la perte de la nationalité doit être menée par le procureur, dans le cadre d’une procédure. De ce fait, le juge n’est pas compétent pour se prononcer sur une perte de la nationalité Tidjane Thiam qui avait obtenu la nationalité française en 1987.
Ensuite, le Conseil de Tidjane Thiam a fait observer que son père était Français et selon le Code de la nationalité ivoirienne, il n’était pas concerné par une perte de la nationalité après avoir obtenu la nationalité française. Et ce, du fait que cette nationalité s’imposait à lui.
« En tant que partie défenderesse, nous avons pu réunir de nouveaux éléments de défense que nous souhaitons soumettre. C’est pourquoi nous avons sollicité ce matin l’autorisation de déposer ces pièces complémentaires », a-t-il rassuré.
« La partie demanderesse s’est opposée à cette requête, mais, finalement, le juge a décidé de renvoyer l’affaire au jeudi 15 mai 2025, afin que toutes les parties puissent présenter leurs dernières observations, par écrit ou oralement. À l’issue de cette audience, le dossier sera mis en délibéré et le tribunal rendra sa décision », a-t-il poursuivi.
« A l’audience, la présidente du tribunal nous a informés que les observations du procureur figuraient désormais au dossier. Elle souhaitait que nous réagissions oralement sur-le-champ, puisque le dossier est désormais en état d’être jugé. Mais nous lui avons fait savoir que, compte tenu de l’importance et de la sensibilité de cette affaire, nous souhaitions répondre par écrit aux observations du procureur », a-t-il dit.
Des milliers de militants du PDCI se sont mobilisés à la Maison du parti, le siège du PDCI, pour soutenir leur mentor, Tidjane Thiam, actuellement hors du pays. Aby Raoul, vice-président et principal représentant de Thiam dans le District d’Abidjan, a dit qu’ « en face, c’est la peur ».
« Nous avions planifié ce rassemblement au Plateau, mais la préfecture de police a imposé un nouvel ordre, invoquant le procès en cours. Au lieu de céder, nous avons choisi de nous mobiliser ici, à Cocody, en moins de 48 heures », a-t-il expliqué, saluant une « mobilisation exceptionnelle et spontanée » coordonnée via les réseaux sociaux dès 21 heures, la veille.
« La semaine prochaine, nous serons au Plateau. Ce combat ne s’arrêtera pas », a laissé entendre Aby Raoul, devant la foule, soulignant que l’événement avait été organisé « bien avant l’annonce (d’un éventuel verdict) du procès », ce jour.
Noël Akossi Benjo, une autre figure clé du PDCI, a insisté sur l’unité des militants : « Nous avons soutenu un candidat dans les urnes, dans le respect des lois. Aujourd’hui, nous demandons simplement que l’État ivoirien en fasse de même. Si la Constitution est respectée, notre président sera reconnu par tous. »
« En dépit des défis logistiques et des accusations de partialité, le PDCI-RDA montre une détermination inébranlable. Ce mouvement ne fait que commencer », a conclu Noël Akossi Benjo, saluant les militants venus « malgré les difficultés ».
Plus critique encore, Bredoumy Soumaïla, le porte-parole du parti, a dénoncé une « manipulation de la loi », estimant que « chaque décision récente semble violer l’esprit des textes. (Or) depuis 1999, nous prônons l’apaisement ».
« Aujourd’hui, des foyers de tensions s’allument partout : il est temps d’éviter les crises du passé et d’assurer des élections transparentes en 2025 », a fait remarquer Bredoumy Soumaïla, un député qui avait récemment été convoqué par la préfecture de police, mais l’audition a été suspendue.
Les Ivoiriens sont appelés aux urnes le 25 octobre 2025 pour élire le président de la République. A six mois du scrutin, l’opposition qui veut des réformes électorales, continue d’appeler à un dialogue politique.
AP/Sf/APA